Quel est le pays le moins peuplé au monde ?

Oubliez l’image d’une île perdue avec trois cocotiers et un maire qui tient aussi la boulangerie. Le “pays le moins peuplé au monde” est une vraie question de définition, d’indicateurs et de sources. De prime abord, on répond “Vatican, non ?” et on passe à autre chose. Sauf qu’en pratique, les chiffres varient, les classements aussi, et les pièges sont nombreux. On remet tout à plat, sans chichi, et on finit avec des conseils concrets pour répondre juste, à tous les coups. Prêt ? Allons-y.

1) Définir “pays” sans se prendre les pieds dans le tapis

• Les erreurs fréquentes: Un “pays”, c’est tout territoire avec des habitants, point.
• La réalité / fiable: Dans le cadre de la statistique internationale, “pays” renvoie au sens strict à un État souverain reconnu, protégé par le droit international public. Au sens large, certains classements incluent aussi des territoires non souverains (dépendances, territoires d’outre-mer) ou des entités à statut spécial, signalés séparément. Autrement dit, la liste “par population” peut mélanger États et territoires, mais les seconds sont identifiés comme tels et ne doivent pas être confondus avec des pays souverains.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Vérifier le périmètre: d’un point de vue rigoureux, demandez si le classement porte sur des États souverains uniquement, ou si des territoires sont inclus.
  • Lire la légende: en l’occurrence, lorsque des listes affichent des territoires en italique ou avec une mention spéciale, gardez-les à part pour vos réponses.
  • Formuler clairement: par rapport à la question posée, précisez au besoin “au sens strict (État souverain)” pour éviter toute ambiguïté.

2) Oui, la Cité du Vatican arrive en tête (au sens strict)

• Les erreurs fréquentes: Le Vatican n’est pas un pays, c’est juste un quartier de Rome.
• La réalité / fiable: La Cité du Vatican est un État souverain enclavé dans Rome, avec une population permanente minuscule. Dans les faits, c’est bien l’État le moins peuplé au monde, de très loin. Les estimations récentes situent sa population autour de quelques centaines d’habitants (environ 800 à 1 000), dans la mesure où elle fluctue avec les fonctions religieuses et administratives. En théorie comme en pratique, les grands classements démographiques sérieux le positionnent dernier en population totale2.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Répondre court et juste: pour faire court, si l’on parle d’États souverains, dites “La Cité du Vatican”.
  • Ajouter une nuance utile: pour autant que la précision compte, ajoutez “de l’ordre de quelques centaines d’habitants, chiffres variables selon les sources et l’année de référence”2.
  • Éviter le piège touristique: ne mélangez pas population résidente et afflux de visiteurs; comme si la foule sur la place Saint-Pierre changeait la démographie officielle… non.

3) Les “petits suivants” à connaître pour ne pas caler après le Vatican

• Les erreurs fréquentes: Après le Vatican, c’est Monaco, forcément.
• La réalité / fiable: En réalité, les micro‑États océaniens occupent les places suivantes. Notamment, Tuvalu et Nauru comptent chacun de l’ordre de quelques dizaines de milliers d’habitants au maximum (Tuvalu autour de 11 000; Nauru autour de 12 000), puis Palau (environ 18 000). À l’instar de San Marino, Monaco ou Liechtenstein, ces États restent très petits, mais leurs populations dépassent nettement celles des micro‑États océaniens les plus minuscules. Dans les faits, l’écart avec le Vatican est abyssal1.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Classer vite fait bien fait: dans un premier temps, retenez l’ordre de grandeur: Vatican (quelques centaines) → Tuvalu/Nauru (≈ 10–12k) → Palau (≈ 18k) → San Marino/Monaco/Liechtenstein (≈ 34–40k).
  • Préciser le millésime: en pratique, rappelez que ces chiffres sont des estimations 2025, susceptibles de varier légèrement selon les sources et l’année de publication1.
  • Répondre comme un pro: au besoin, ajoutez “entre autres: Tuvalu, Nauru, Palau” pour montrer que vous situez la hiérarchie sans vous perdre dans la décimale.

4) Ne pas confondre “moins peuplé” et “moins dense”

• Les erreurs fréquentes: Le pays le moins peuplé, c’est la Mongolie, on y voit trois yourtes tous les 200 km.
• La réalité / fiable: La densité, c’est le nombre d’habitants par km². La population totale, c’est le nombre d’habitants tout court. Un pays peut être immense et très peu dense, mais compter des millions d’habitants. À l’égal de l’Antarctique (qui n’est pas un pays), certains territoires sont presque vides, mais cela n’en fait pas les moins peuplés si on regarde la population totale.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Clarifier la métrique: dites “moins peuplé” quand vous parlez du total d’habitants; dites “moins dense” si vous parlez d’habitants par km².
  • Donner un exemple simple: par exemple, un pays A avec 1 million d’habitants sur un énorme territoire est peut‑être moins dense qu’un pays B avec 50 000 habitants sur un confetti… mais B reste “moins peuplé”.
  • Réfléchir deux secondes: dès lors que la question porte sur un superlatif, vérifiez l’indicateur avant de foncer sur la réponse.

5) Les sources et méthodes qui font varier les chiffres

• Les erreurs fréquentes: Tous les classements se valent, un chiffre vu sur un blog suffit.
• La réalité / fiable: Les grands classements s’appuient sur les estimations et projections onusiennes (World Population Prospects), mais les dates de référence, les arrondis et les conventions diffèrent. Worldometer notamment affiche des estimations fondées sur l’ONU, avec des mises à jour régulières. De son côté, la liste Wikipédia consolide les chiffres ONU (dont le millésime 2024 pour les projections 2025), et PopulationPyramid présente les valeurs par année, pays par pays. En conséquence, un même État peut avoir des écarts de quelques centaines à quelques milliers selon la source et la date1.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Toujours dater la donnée: au préalable, indiquez “estimation 2025” ou “projection 2025” quand vous citez un chiffre.
  • Citer la source de façon simple: en attendant de creuser, mentionnez “selon les estimations ONU (via Worldometer / PopulationPyramid)”.
  • Accepter de petites variations: tant que l’ordre de grandeur est cohérent, ne chipotez pas la virgule. Répondez juste… et utile1.

6) Les cas limites qui piègent tout le monde

• Les erreurs fréquentes: Pitcairn est le moins peuplé: il y a à peine une cinquantaine d’habitants.
• La réalité / fiable: Pitcairn n’est pas un État souverain mais un territoire britannique d’outre‑mer. De même, Tokelau dépend de la Nouvelle‑Zélande. À cet égard, si vous incluez les territoires non souverains, vous changez la question. Il existe aussi des zones sans population permanente (bases militaires, stations scientifiques) qui, faute de résidents stables, ne sont pas pertinentes pour un classement par pays. Les listes sérieuses distinguent ces statuts, le cas échéant en italique, précisément pour éviter les confusions.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Poser le cadre avant de répondre: au sens strict, ne retenez que les États souverains. Au sens large, annoncez que vous incluez des territoires, et signalez‑le.
  • Rester cohérent: pourvu que la question mélange États et territoires, dites clairement “classement mixte” pour ne pas brouiller le lecteur.
  • Éviter les non‑résidents: tant que l’endroit n’a pas de population permanente, on ne le classe pas comme “pays le moins peuplé”.

7) Pourquoi ces micro‑États ont (et gardent) si peu d’habitants

• Les erreurs fréquentes: S’ils sont si petits, c’est qu’ils sont “en déclin”.
• La réalité / fiable: Ces États sont minuscules par surface et par histoire politique. Grâce à leur statut particulier (religieux pour le Vatican, cités‑États historiques en Europe, micro‑États insulaires en Océanie), ils n’ont jamais atteint de grandes tailles. Au fil du temps, leur démographie évolue peu, parfois par nécessité (capacité d’accueil, logement, ressources). Tout compte fait, on parle surtout de stabilité structurelle, pas d’effondrement démographique.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Éviter les jugements hâtifs: à tort ou à raison, on plaque nos cadres de “grands pays” sur des micro‑États. Mauvaise idée.
  • Donner des leviers concrets: en parallèle de la taille, regardez les statuts de résidence (citoyenneté, droit au séjour), la part de travailleurs frontaliers ou temporaires, et la capacité physique d’hébergement.
  • Formuler avec tact: malgré tout, nuancez vos propos: “population faible et relativement stable” est souvent plus juste que “en déclin”.

8) La bonne réponse, selon la question que l’on vous pose

• Les erreurs fréquentes: La seule bonne réponse est universelle, quel que soit le contexte.
• La réalité / fiable: La bonne réponse dépend du cadre:
  • En théorie “État souverain, population totale”: Vatican.
  • En théorie “classement mixte États + territoires”: Pitcairn et quelques dépendances peuvent sembler “plus bas”, mais ce ne sont pas des pays souverains, et ce mélange poserait problème.
  • En pratique, dans un quiz généraliste qui parle de pays au sens strict: Vatican, puis Tuvalu/Nauru/Palau, etc.3
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Demander la précision utile: dans la mesure où c’est flou, posez: “On parle d’États souverains uniquement ?”
  • Répondre et préciser: répondez “Vatican”, puis ajoutez “au sens strict des États souverains; les classements mixtes incluent parfois des territoires non souverains”.
  • Adapter au public: pour une audience scolaire, simplifiez; pour un public expert, donnez le périmètre exact et la source.

9) Mini‑mémo opérationnel à réutiliser

• Les erreurs fréquentes: On peut citer n’importe quel chiffre sans le dater.
• La réalité / fiable: Les classements évoluent dorénavant par mises à jour successives: une valeur “2025” peut différer de “2023” selon les projections et les révisions. Wikipédia consolide les jeux de données ONU; Worldometer et PopulationPyramid exposent les chiffres par année et pays. Au final, ce sont trois portes d’entrée cohérentes, à condition que vous précisiez le millésime2.
• Solutions et bonnes pratiques:
  • Checklist express:
    • Dire “au sens strict, État souverain: Vatican”.
    • Ajouter “estimation/projection 2025” pour cadrer le chiffre2.
    • Si besoin de détailler, citer Tuvalu, Nauru, Palau ensuite, sans confondre densité et population totale.
    • Éviter de mélanger États et territoires; si vous le faites, annoncez‑le clairement.
  • Conseil bonus: en parallèle, si l’on vous interroge sur “le moins dense”, changez immédiatement d’indicateur et d’exemples. Votre réponse gagne en crédibilité.

Conclusion et ouverture

Au bout du compte, la réponse la plus solide tient en une ligne: au sens strict des États souverains, le pays le moins peuplé au monde, c’est la Cité du Vatican. Tout le reste n’est qu’affaire de périmètre, de millésime, et d’indicateur. En fin de compte, retenez trois réflexes: préciser le cadre (État vs territoire), dater la donnée, et vérifier l’indicateur (population totale ou densité).