Six secondes pour devenir célèbre, mais pas assez pour survivre. Voilà comment on pourrait résumer l’histoire fulgurante de Vine, cette application qui a marqué toute une génération… avant de disparaître aussi vite qu’elle était apparue. À vrai dire, je me souviens encore de ces boucles absurdes, hilarantes ou poétiques qui tournaient en boucle sur nos écrans. Mais alors, pourquoi Vine a-t-elle tiré sa révérence ? Plongeons dans les coulisses d’un échec stratégique.
Vine : un ovni numérique devenu culte
Lancée en janvier 2013 par Twitter, Vine permettait de publier des vidéos de six secondes, en boucle. Un format radical, mais redoutablement efficace. Très vite, la plateforme devient le terrain de jeu des créateurs, humoristes, artistes et influenceurs. Logan Paul, King Bach, Jérôme Jarre… tous y ont fait leurs premières armes.
« C’était court, mais c’était bon », comme on dit. Le ton absurde, le rythme effréné, la créativité sans filtre : Vine a redéfini les codes du contenu viral. En 2015, l’application comptait plus de 200 millions d’utilisateurs. Un succès fulgurant, mais fragile.
Un modèle économique bancal
Le premier clou dans le cercueil de Vine, c’est son absence de monétisation. Contrairement à YouTube, qui rémunère ses créateurs via la publicité, Vine n’a jamais su mettre en place un système de rétribution. Résultat : les talents migrent vers des plateformes plus lucratives.
« On ne vit pas d’amour et de likes », comme dirait l’autre. Sans revenus, les créateurs ont peu à peu déserté Vine pour rejoindre Instagram, Snapchat ou YouTube, qui offraient plus de visibilité… et de rentabilité.
Twitter, un propriétaire peu investi
Autre facteur déterminant : le manque d’investissement de Twitter, propriétaire de Vine depuis 2012. L’entreprise, en proie à ses propres difficultés financières, n’a pas su (ou voulu) soutenir Vine dans sa croissance. Pas de mise à jour majeure, peu d’innovation, une stratégie floue…
En octobre 2016, Twitter annonce la fermeture de Vine. Le service reste en ligne quelques mois, le temps pour les utilisateurs de récupérer leurs vidéos. Mais le mal est fait. « Faute de carburant, le moteur s’est arrêté ».
Une concurrence féroce et agile
Pendant que Vine s’essoufflait, ses concurrents prenaient de l’ampleur. Instagram introduit la vidéo, Snapchat explose, Facebook s’adapte. Et surtout, TikTok débarque en 2016 (sous le nom de Musical.ly), avec un format similaire mais plus souple, plus interactif, et surtout porté par un algorithme redoutable.
« Le train est passé, Vine est resté sur le quai ». Le format de six secondes, aussi brillant soit-il, ne suffisait plus. Les utilisateurs voulaient plus de liberté, plus de personnalisation, plus de fun.
Une résurrection en demi-teinte ?
Depuis 2022, Elon Musk, nouveau propriétaire de Twitter (devenu X), évoque régulièrement le retour de Vine. En juillet 2025, il annonce vouloir ressusciter l’application… « sous forme d’IA ». Une version modernisée, dopée à l’intelligence artificielle, capable de générer des vidéos à partir de simples descriptions textuelles.
Mais cette promesse soulève autant d’enthousiasme que de scepticisme. Certains saluent l’initiative, d’autres craignent une perte d’authenticité. « Voir Vine revenir rempli de bouillie générée par IA serait la pire trahison de son héritage », résume un internaute.
En conclusion : une étoile filante du Web
Vine n’a pas été supprimée par manque d’amour, mais par manque de vision. Une application culte, mais mal gérée. Un format génial, mais figé. Et surtout, une communauté créative, mais laissée pour compte.
« Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée, encore faut-il savoir la faire vivre ». Vine a ouvert la voie à TikTok, Instagram Reels et YouTube Shorts. Son héritage est bien réel, même si son nom ne s’affiche plus sur nos écrans.