Le Salaire Journalier de Référence (SJR), c’est le point de départ. C’est lui qui détermine combien vous allez toucher chaque jour… et donc chaque mois.
Comment ça marche ?
En pratique, France Travail calcule le SJR à partir des salaires bruts perçus sur les 12 derniers mois précédant le dernier jour travaillé. On prend en compte :
- Les salaires bruts (hors indemnités de licenciement ou de fin de contrat)
- Les primes (à condition qu’elles soient versées régulièrement)
- Les jours réellement travaillés
Formule officielle :
SJR = Total des salaires bruts / Nombre de jours calendaires travaillés (hors jours non rémunérés)
Puis, l’Allocation de Retour à l’Emploi (ARE) est calculée à partir du SJR :
ARE journalière = le montant le plus élevé entre :
- 40,4 % du SJR + 12,47 € (montant fixe 2025)
- 57 % du SJR
À retenir :
- Il existe un plancher et un plafond (en 2025, l’ARE ne peut pas dépasser 292,19 € par jour).
- Les jours non travaillés mais payés (congés payés, RTT) sont comptabilisés.
- Les indemnités de fin de contrat ne sont pas prises en compte dans le SJR.
2. Exemples chiffrés : profils types pour mieux comprendre
Sophie – CDD temps plein
- Salaire brut mensuel : 2 000 €
- Durée : 18 mois, dont 12 mois pris en compte
- Total salaires bruts : 24 000 €
- Jours calendaires travaillés : 365
→ SJR = 24 000 / 365 = 65,75 €
→ ARE journalière = max(40,4 % × 65,75 + 12,47 ; 57 % × 65,75) → max(26,56 + 12,47 = 39,03 ; 37,47) = 39,03 € / jour
→ Allocation mensuelle (sur 30 jours) ≈ 1 170,90 €
Karim – Intérimaire
- Missions ponctuelles sur 12 mois : 180 jours travaillés
- Salaire brut total : 18 000 €
→ SJR = 18 000 / 180 = 100 €
→ ARE journalière = max(40,4 % × 100 + 12,47 ; 57 €) = 53,87 € / jour
→ Allocation mensuelle ≈ 1 616,10 €
Julie – Temps partiel
- 3 jours par semaine pendant 12 mois
- Salaire brut total : 12 000 €
- Jours travaillés : 156
→ SJR = 12 000 / 156 = 76,92 €
→ ARE journalière = max(40,4 % × 76,92 + 12,47 ; 57 % × 76,92) = 48,56 € / jour
→ Allocation mensuelle ≈ 1 456,80 €
3. Simulateurs et outils : comment s’en servir sans se planter
France Travail propose un simulateur officiel, accessible en ligne. Il suffit de renseigner :
- Vos salaires bruts mensuels
- Le nombre de jours travaillés
- La date de fin de contrat
En parallèle, des calculateurs indépendants (comme ceux proposés par des experts-comptables) permettent de croiser les résultats. Mais attention : ils ne prennent pas toujours en compte les cas particuliers (intérim, saisonnier, etc.).
Bonnes pratiques :
- Faites plusieurs simulations pour vérifier les écarts
- Gardez vos fiches de paie sous la main
- Vérifiez que les primes sont bien incluses
4. Conditions d’éligibilité et angles juridiques : ce qu’il faut savoir
Qui peut toucher l’ARE ?
- Avoir travaillé au moins 130 jours ou 910 heures sur les 24 derniers mois (36 mois pour les +53 ans)
- Être inscrit à France Travail
- Être en recherche active d’emploi
Cas particuliers :
- Démission légitime (suivi de conjoint, violences, non-paiement du salaire…) → éligible
- Rupture conventionnelle → éligible
- Fin de CDD → éligible
- Licenciement → éligible
- Démission non légitime → pas d’ARE, sauf après 4 mois sans emploi et passage en commission
À noter : Le cumul emploi-chômage est possible, à condition que le nouveau salaire soit inférieur à l’ARE. Dans ce cas, France Travail verse un complément.
5. Réformes récentes : ce qui a changé depuis 2024
Depuis janvier 2024, plusieurs ajustements ont été introduits :
- France Travail remplace Pôle emploi, avec un accompagnement renforcé
- La durée d’indemnisation est modulée selon le taux de chômage national
- Pour les moins de 53 ans, la durée maximale est de 18 mois (contre 24 auparavant)
- Les périodes de travail courtes sont mieux valorisées
En conséquence : Les droits peuvent être réduits si le marché de l’emploi est jugé favorable. À tort ou à raison, cela pénalise certains profils précaires.
6. Check-list du demandeur d’emploi : éviter les erreurs
Avant de vous inscrire, préparez :
- Vos 12 dernières fiches de paie
- Votre contrat de travail (ou attestation employeur)
- Votre relevé d’identité bancaire
- Vos justificatifs de fin de contrat
Étapes à suivre :
- Inscription sur le site de France Travail
- Déclaration de situation mensuelle
- Entretien avec un conseiller
- Validation du dossier
À condition que tout soit bien renseigné, l’indemnisation démarre rapidement. Sinon, gare aux retards.
7. Optimiser ses droits : les leviers à connaître
Primes et congés payés
- Les primes régulières (13e mois, prime d’assiduité…) sont intégrées au SJR
- Les congés payés non pris peuvent être indemnisés, mais ne comptent pas dans le SJR
Périodes non travaillées
- Les arrêts maladie ou congés maternité sont neutralisés
- Les périodes de formation peuvent être valorisées dans certains cas
Bon à savoir : Un petit décalage dans la date de fin de contrat peut parfois faire gagner plusieurs jours d’indemnisation. À méditer…
8. Anticiper la fin des droits : ne pas tomber des nues
Comment savoir quand ça s’arrête ?
France Travail vous indique la durée théorique de vos droits dès le début. Mais en pratique, ça peut évoluer (reprise d’activité, suspension, etc.).
Solutions :
- Suivre son compteur sur l’espace personnel
- Prévoir une formation ou un projet de création d’entreprise
- Se renseigner sur les aides complémentaires (RSA, ACRE, etc.)
À terme, mieux vaut ne pas attendre le dernier jour pour rebondir.
Infographie simplifiée : le calcul en 3 étapes
- Salaire brut total sur 12 mois / jours travaillés = SJR
- ARE journalière = max(40,4 % × SJR + 12,47 ; 57 % × SJR)
- Allocation mensuelle = ARE journalière × nombre de jours indemnisés
Pour faire court : ce qu’il faut retenir
- Le SJR est la clé du calcul
- L’ARE dépend de votre situation, mais peut être optimisée
- Les simulateurs sont utiles, mais pas infaillibles
- Les réformes récentes ont durci certaines règles
- Mieux vaut anticiper