Avouons-le, on a tous levé un sourcil devant « je vous envoie » et ses cousins approximatifs “je vous envois” ou “je vous envoie ce mail”. À première vue, ça a l’air de détail, mais dans un message pro, la moindre lettre en trop sonne faux. À vrai dire, l’orthographe d’“envoyer” concentre plusieurs pièges à la fois: conjugaison, accords, choix du temps, pronoms, et même le mot “mail” lui‑même. Voyons ensemble ce qu’il en est vraiment et comment bien faire.
Conseils concrets
1. La forme correcte au présent
- Ce qu’on croit :
“Je vous envois” est correct, car “tu envois” prend un s. - Ce qui se passe vraiment : Le verbe “envoyer” au présent change de radical selon la personne. On écrit “j’envoie”, “tu envoies”, “il/elle envoie”, “nous envoyons”, “vous envoyez”, “ils/elles envoient”. De façon générale, “envois” avec un s n’est pas une forme verbale au présent. “Envois” existe bien, mais c’est le pluriel du nom “envoi” (“des envois”). En d’autres termes, “je vous envois” est une faute, “je vous envoie” est la seule orthographe correcte avec “je”.
- Ce qu’il faut faire : Retenez l’astuce simple: remplacez “je” par “il”. Si “il envoie” se lit bien, alors “je vous envoie” est la bonne forme. Par exemple:
- “Je vous envoie ce mail dès cet après‑midi.”
- “Je vous envoie les documents demandés au plus tôt.”
- “Je vous envoie le lien dans l’immédiat.”
2. “Je vous envoie ce mail” ou “ce courriel” ?
- Ce qu’on croit :
“Je vous envoie ce mail” est maladroit; il faut éviter “mail” dans un contexte pro. - Ce qui se passe vraiment : En France, “mail” est très courant à l’écrit professionnel; “e‑mail” ou “email” se voient aussi. “Courriel” est plus formel et nettement plus employé au Canada ou dans les administrations. De fil à aiguille, tout est question de registre et de destinataire. Sous un autre angle, la forme “cet e‑mail” s’impose devant un mot débutant par une voyelle (“e‑mail”), alors que “ce mail” convient pour “mail”.
- Ce qu’il faut faire : Choisissez selon le contexte et la personne:
- Entreprises en France: “mail” passe très bien (“Je vous envoie ce mail suite à notre échange”).
- Administration, communication soignée, ou correspondants québécois: “courriel”.
- Devant “e‑mail”: “cet e‑mail”. Par exemple:
- “Je vous envoie ce mail pour confirmer notre rendez‑vous.”
- “Je vous envoie ce courriel récapitulant les étapes.”
- “Je vous envoie cet e‑mail avec les accès, comme convenu.”
3. Pronoms et ordre des compléments
- Ce qu’on croit :
On peut écrire “Je vous envoie il” ou “Je vous envois le document”. - Ce qui se passe vraiment : D’une part, l’orthographe “envois” est incorrecte avec le verbe à la 1re personne (on écrit “j’envoie”). D’autre part, l’ordre des pronoms en français est fixe: me/te/se/nous/vous, puis le/la/les, puis lui/leur, puis y, puis en. De façon générale, on dira “Je vous l’envoie” (vous + le), “Je vous les envoie”, “Je vous l’enverrai”. L’élision est obligatoire: “Je vous l’envoie”, pas “Je vous le envoie”. Par conséquent, on évite les doublons lourds du type “Je vous envoie à vous le document” (redondant).
- Ce qu’il faut faire : Appliquez l’ordre des pronoms et vérifiez l’élision:
- “Je vous l’envoie tout de suite.”
- “Je vous les envoie dès réception de la signature.”
- “Je vous l’enverrai demain matin.”
- “Je vous en envoie deux exemplaires.” (correct mais à utiliser avec parcimonie; si ça devient lourd, reformulez: “Je vous envoie deux exemplaires.”)
4. Choisir le bon temps selon la situation
- Ce qu’on croit :
On écrit toujours “je vous envoie”, quel que soit le contexte temporel. - Ce qui se passe vraiment : Le présent n’est pas universel. À première vue, il convient pour une action en cours ou imminente (“Je vous envoie le contrat”). Mais si l’action est passée, on utilise le passé composé (“Je vous ai envoyé les documents hier”). Pour une action future réelle, c’est le futur (“Je vous enverrai la synthèse ce soir”); pour une hypothèse polie ou une condition, le conditionnel (“Je vous enverrais la note si vous le souhaitez”). Dans l’immédiat, le présent marche; à long terme ou à une date précise, préférez futur/conditionnel; pour un bilan, passé composé. De façon générale, on peut aussi utiliser le futur antérieur pour marquer une échéance atteinte: “Je vous aurai envoyé le rapport avant vendredi.”
- Ce qu’il faut faire : Adaptez le temps au contexte, avec des repères clairs:
- Présent (action en cours): “Je vous envoie la proposition maintenant.”
- Passé composé (action réalisée): “Je vous ai envoyé la facture ce matin.”
- Futur (action à venir): “Je vous enverrai l’agenda d’ici 18 h.”
- Futur antérieur (action achevée avant un moment donné): “Je vous aurai envoyé le compte rendu avant la réunion.”
- Conditionnel (politesse/éventualité): “Je vous enverrais une version courte si cela vous convient.” En d’autres termes, faites correspondre le temps à la réalité de l’action: ça clarifie votre message et évite les allers‑retours.
5. “Ci‑joint” et pièces jointes sans faux pas
- Ce qu’on croit :
“Veuillez trouver ci‑jointes les pièces” est toujours faux ou toujours vrai, peu importe la place. - Ce qui se passe vraiment : “Ci‑joint” peut être invariable ou s’accorder, selon l’usage. Quoi qu’il en soit, dans la formule figée “Veuillez trouver ci‑joint…”, on laisse généralement “ci‑joint” invariable. En revanche, lorsqu’il est adjectif épithète après le nom, on l’accorde: “les pièces ci‑jointes”, “les documents ci‑joints”. À vrai dire, certaines combinaisons (avant le nom avec virgules) ont des nuances d’accord; pour faire court, si vous hésitez, la formule invariable après “Veuillez trouver” est un choix sûr, et l’accord avec “les pièces ci‑jointes” après le nom est attendu.
- Ce qu’il faut faire : Utilisez des patrons simples et propres:
- “Veuillez trouver ci‑joint le contrat.”
- “Veuillez trouver ci‑joints les trois documents demandés.” (on rencontre aussi l’invariable; restez cohérent dans vos usages)
- “Vous trouverez les pièces ci‑jointes.”
- “Je vous adresse, en pièce jointe, la facture.” Par exemple, pour allier clarté et registre pro: “Je vous envoie, en pièce jointe, la version signée. Vous trouverez également la note de synthèse ci‑jointe.”
6. Formulations d’ouverture plus nettes qu’“Je vous envoie ce mail”
- Ce qu’on croit :
“Je vous envoie ce mail” est la meilleure façon de commencer tous ses messages. - Ce qui se passe vraiment : Cette entrée est correcte, mais un peu plate. Sous un autre angle, on peut être plus précis sur l’intention: informer, demander, confirmer, transmettre. De façon générale, une bonne ouverture dit pourquoi vous écrivez; elle guide le lecteur. Par exemple, “Je reviens vers vous au sujet de…”, “Je vous transmets…”, “Je vous confirme…”. Au fil du temps, ces formulations rendent vos mails plus lisibles et plus efficaces.
- Ce qu’il faut faire : Choisissez des ouvertures orientées action:
- “Je vous écris au sujet de la proposition de partenariat.”
- “Je vous transmets la dernière version pour validation.”
- “Je vous confirme notre rendez‑vous de mardi à 10 h.”
- “Comme convenu, je vous envoie la présentation et le compte rendu.”
- “Pour faire court, vous trouverez ci‑dessous les décisions prises.” Ajustez selon le ton: formel (“Je vous prie de bien vouloir…”) ou simple et direct (“Je vous propose…”). En d’autres termes, faites gagner du temps au lecteur.
Liste récapitulative
| Idée reçue | Conseil utile |
|---|---|
| “Je vous envois” est correct. | Écrire “Je vous envoie”. Astuce: testez avec “il envoie”. |
| “Mail” est à proscrire en pro. | En France pro, “mail” va très bien; “courriel” pour registres formels; “cet e‑mail” devant voyelle. |
| On peut écrire “Je vous envoie il/le”. | Respecter l’ordre des pronoms et l’élision: “Je vous l’envoie”, “Je vous les envoie”. |
| On écrit toujours “je vous envoie”. | Adapter le temps: passé composé (déjà fait), futur (à venir), conditionnel (politesse), futur antérieur (avant échéance). |
| “Ci‑joint” s’accorde toujours pareil. | Invariable dans “Veuillez trouver ci‑joint…”, accord après le nom: “les pièces ci‑jointes”. |
| Commencer par “Je vous envoie ce mail” est optimal. | Préciser l’intention: “Je vous transmets…”, “Je vous confirme…”, “Je vous écris au sujet de…”. |
Conclusion
Au final, ce n’est pas sorcier: “je vous envoie” s’écrit sans s, “mail/courriel” se choisit selon le contexte, les pronoms gardent leur ordre, le temps verbal suit la réalité, et “ci‑joint” varie selon la place. Vous n’êtes pas le seul à chercher une solution simple: quelques repères concrets suffisent pour écrire des messages nets et professionnels. En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.