Introduction
Vous hésitez entre “je me permets” et “je me permet” ? De façon générale, ces micro-détails d’orthographe et de conjugaison pèsent lourd dans un mail, un CV ou un message professionnel. Bonne nouvelle : avec nos quelques repères simples, on élimine 95 % des hésitations.
Ce qu’il faut savoir et faire
1) Présent de l’indicatif : la seule forme correcte est “je me permets”
Ce qu’on croit : “Je me permet de vous écrire.”
Ce qui se passe vraiment : Le verbe est “permettre”. Au présent de l’indicatif, “je” prend un -s: “je permets”, “tu permets”, “il permet”, “nous permettons”, “vous permettez”, “ils permettent”. Le pronom “me” ne change rien au -s final. De toute évidence, “je me permet” sans -s est une faute classique, surtout dans les mails envoyés au fil de l’eau.
Ce qu’il faut faire : Écrire “je me permets de + infinitif”.
- Exemples concrets :
- “Je me permets de vous écrire au sujet de…”
- “Je me permets de revenir vers vous concernant notre entretien.”
- “Je me permets d’ajouter un point à l’ordre du jour.” À vrai dire, si vous doutez, remplacez mentalement par “je permets” (sans “me”) : vous entendez le -s, donc vous l’écrivez.
2) Passé composé et accord : “elles se sont permis de…” (sans accord), mais “les remarques qu’elles se sont permises” (avec accord du COD antéposé)
Ce qu’on croit : “Elles se sont permises de partir.”
Ce qui se passe vraiment : Avec “se permettre”, le pronom “se” n’est pas un COD mais un COI (on “permet quelque chose à quelqu’un”). Par conséquent, au passé composé, le participe passé “permis” ne s’accorde pas avec le sujet quand on dit “se permettre de + infinitif”: on écrit “elles se sont permis de venir”. En d’autres termes, pas de -e ni de -s dans ce cas. En revanche, il y a accord si un COD est placé avant : “Les libertés qu’elles se sont permises” (accord avec “libertés”, COD antéposé). Sous un autre angle, si le COD est après le verbe, pas d’accord : “Elles se sont permis des remarques.”
Ce qu’il faut faire :
- Sans COD avant le verbe : invariable → “Elle s’est permis de vous écrire.” / “Elles se sont permis de venir.”
- Avec un COD avant : accord → “Les remarques qu’elles se sont permises” ; “La liberté qu’il s’est permise.”
- Avec un COD après : pas d’accord → “Ils se sont permis une remarque.”
- Astuce pratique : repérez si “se” remplace “à + personne” (COI) : si oui, n’accordez pas. Accordez seulement avec un COD placé avant.
3) Futur, conditionnel, imparfait : attention aux doubles “t” et aux terminaisons
Ce qu’on croit : “Je me permettraiS de vous relancer demain.”
Ce qui se passe vraiment : Le futur simple se forme sur le radical “permettr-” + terminaisons du futur (“-ai, -as, -a, -ons, -ez, -ont”) : “je me permettrai”, sans -s. Le conditionnel présent utilise les terminaisons “-ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient” : “je me permettrais”, avec -s cette fois. À l’imparfait, on garde “permett-” + “-ais, -ais, -ait…” : “je me permettais”. Pour faire court, retenez: futur = “-ai” (je me permettrai), conditionnel = “-ais” (je me permettrais).
Ce qu’il faut faire :
- Futur simple : “Demain, je me permettrai de vous rappeler.”
- Conditionnel (politesse/éventualité) : “Je me permettrais d’insister sur ce point.”
- Imparfait (habitude/contexte) : “Au fil du temps, je me permettais davantage de questions.”
- Subjonctif présent : “Il faut que je me permette une remarque.”
- Participe présent/gérondif : “en se permettant trop de libertés.” D’une part, vérifiez la terminaison; d’autre part, gardez en tête le double “t” au futur/conditionnel (permettr-).
4) Construction juste : “se permettre de + infinitif” et “permettre à quelqu’un de + infinitif”
Ce qu’on croit : “Je me permets que vous me répondiez.”
Ce qui se passe vraiment : “Se permettre” se construit avec “de + infinitif” (“Je me permets de signaler…”). On n’emploie pas “que” derrière “se permettre”. En parallèle, la forme non pronominale “permettre” suit le schéma “permettre à quelqu’un de + infinitif” (“Je permets à l’équipe de partir plus tôt”). En d’autres termes, “se permettre que” ou “se permettre à” est fautif. De façon générale, la préposition attendue est “de”.
Ce qu’il faut faire :
- Se permettre de + infinitif :
- “Je me permets de vous relancer.”
- “Je me permets d’ajouter un complément.”
- “Ne te permets pas de juger trop vite.”
- Permettre à + personne + de + infinitif :
- “Cette marge nous permet de négocier.”
- “Le planning vous permet de partir à 16 h.”
- Pronominal avec COD nominal :
- “Je me permets une remarque.” / “Ils se sont permis deux commentaires.” Par exemple, choisissez “de” après “se permettre” et pensez “à quelqu’un de” après “permettre”.
5) Interrogation et impératif : choisissez les tournures naturelles
Ce qu’on croit : “Me permets-je de vous contacter ?”
Ce qui se passe vraiment : “Me permets-je ?” est grammatical mais ampoulé. Dans l’immédiat, on lui préfère des formes plus naturelles. Pour poser une question polie, “Puis-je me permettre de… ?”, “Est-ce que je peux me permettre de… ?” ou “Me permettez-vous de… ?” sont nettement plus fluides. À l’impératif affirmatif, on lie par des traits d’union : “Permettez-moi de…” ; “Permets-toi de…”. Au négatif, pas de trait d’union et les pronoms reviennent avant le verbe : “Ne te permets pas de…”.
Ce qu’il faut faire :
- Question polie :
- “Puis-je me permettre de vous appeler demain ?”
- “Est-ce que je peux me permettre de vous relancer ?”
- “Me permettez-vous d’apporter une précision ?”
- Impératif affirmatif :
- “Permettez-moi de préciser un point.”
- “Permets-toi une pause.”
- Impératif négatif :
- “Ne te permets pas d’insister.”
- Ponctuation : point d’interrogation sans espace insécable en fin de phrase (sauf conventions typographiques françaises avec espace fine; dans vos mails, gardez votre usage uniforme). Quoi qu’il en soit, visez la clarté et l’aisance plutôt que la préciosité.
6) Politesse et registre : “je me permets de…” oui, mais pas partout et pas tout le temps
Ce qu’on croit : “Il faut toujours commencer un mail par ‘Je me permets de…’.”
Ce qui se passe vraiment : “Je me permets de…” est une formule polie, pratique, mais parfois lourde si on la répète. Dans un mail cordial et direct, “Je vous écris au sujet de…”, “Je reviens vers vous concernant…”, “Je vous contacte pour…” sont tout aussi corrects, souvent plus nets. De fil à aiguille, l’abus de “je me permets” peut donner une impression d’hésitation. Sous un autre angle, dans une demande délicate, “je me permets” atténue justement la fermeté : utile, donc, mais à bon escient.
Ce qu’il faut faire :
- Quand l’utiliser :
- Pour adoucir une relance: “Je me permets de revenir vers vous au sujet de…”.
- Pour signaler un point sensible: “Je me permets d’attirer votre attention sur…”.
- Quoi dire à la place selon le contexte :
- Sobre et direct : “Je vous écris au sujet de…”, “Je vous contacte pour…”.
- Relance franche : “Je reviens vers vous concernant…”.
- Suggestion : “Je propose de…”, “Puis-je vous suggérer de… ?”
- Détails typographiques :
- Élision correcte : “Je me permets d’ajouter…” (d’ + voyelle).
- Pas de virgule après “je me permets de” avant l’infinitif. À long terme, variez les formules pour garder un style vivant et crédible.
7) Petits pièges fréquents : traits d’union, négation, pronoms et variantes utiles
Ce qu’on croit : “Permettez moi de… / Je me le permet.”
Ce qui se passe vraiment :
- À l’impératif affirmatif avec pronom complément, on met des traits d’union : “Permettez-moi de…”, “Permets-toi…”.
- “Je me le permet” est fautif au présent : c’est “Je me le permets” (accord avec “je permets”).
- En négation soignée, on garde le “ne” : “Je ne me permets pas”. Dans un registre familier, on peut tomber le “ne” (“Je me permets pas”), mais évitez-le à l’écrit professionnel.
- “Se permettre” peut se construire avec un COD nominal: “se permettre une remarque”. Dans ce cas, attention aux accords au passé composé si ce COD est antéposé (“La remarque qu’elle s’est permise”).
- Variante élégante en contexte soutenu : “Permettez-moi de…” au lieu de “Je me permets de…”.
Ce qu’il faut faire :
- Impératif : “Permettez-moi de vous répondre rapidement.”
- Présent pronominal + pronom objet : “Je me le permets exceptionnellement.”
- Négation : “Je ne me permets pas de juger.”
- Accord maîtrisé : “Les libertés qu’ils se sont permises étaient excessives.”
- Registre : adaptez la formule au destinataire (collègue, recruteur, client), par conséquent au ton attendu.
Liste récapitulative
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| “Je me permet de…” | Écrire systématiquement “Je me permets de…”. |
| “Elles se sont permises de venir.” | Pas d’accord avec le sujet ici: “Elles se sont permis de venir.” |
| “Je me permettraiS demain.” | Futur: “je me permettrai”; conditionnel: “je me permettrais”. |
| “Je me permets que…” | “Se permettre de + infinitif”; “Permettre à quelqu’un de + infinitif”. |
| “Me permets-je… ?” | Préférez “Puis-je me permettre… ?”, “Me permettez-vous… ?”. |
| “Il faut toujours ‘je me permets…’ en ouverture.” | Variez: “Je vous écris au sujet de…”, “Je reviens vers vous…”. |
| “Permettez moi de…” / “Je me le permet.” | Impératif: “Permettez-moi…”; présent: “Je me le permets.” |
Conclusion
Pour faire court, “je me permets” est la bonne forme au présent, et l’essentiel du reste tient à quelques réflexes simples: pas d’accord au passé composé quand “se” est COI, futur sans -s (“je me permettrai”), conditionnel avec -s (“je me permettrais”), et la construction “se permettre de + infinitif”. En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. De toute évidence, ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.