À première vue, on pourrait croire que ce débat est anodin… et pourtant, c’est l’une des fautes les plus courantes en ligne et dans les messages. Entre « il envoi » (sans -t), « il envoit » (avec -t) et la bonne forme « il envoie », il y a de quoi hésiter.
Pourquoi ? Parce que la conjugaison du verbe envoyer au présent n’est pas forcément intuitive, et que les sonorités peuvent induire en erreur. Voyons ensemble ce qu’il en est vraiment.
1. Forme verbale au présent — il envoie
Ce qu’on croit : « On écrit toujours comme on entend, donc il envoit est correct. »
Ce qui se passe vraiment : En français, la prononciation ne reflète pas toujours l’orthographe. Le verbe envoyer, au présent de l’indicatif, à la 3ᵉ personne du singulier, se termine par -e : « il envoie ». On retrouve la base envoi- + terminaison -e. Aucun t n’est nécessaire.
Ce qu’il faut faire : Retenir que « il envoie » suit le même modèle que « il emploie » (employer) ou « il nettoie » (nettoyer). Par exemple :
- Il envoie un message à sa sœur.
- Chaque matin, il envoie ses rapports par mail.
2. Faux ami — envoi (nom commun)
Ce qu’on croit : « Envoi et envoie sont interchangeables. »
Ce qui se passe vraiment : Envoi (sans e final) est un nom qui désigne l’action d’envoyer ou l’objet envoyé . Exemple: l’envoi d’un colis. Tandis que « envoie » est une forme verbale.
Ce qu’il faut faire : Distinguer le nom (envoi) du verbe (envoie). Astuce : si on peut remplacer par expédition, on parle du nom. Exemple :
- Nom : L’envoi de cette lettre a pris du retard.
- Verbe : Il envoie cette lettre aujourd’hui.
3. Erreur courante — il envoit
Ce qu’on croit : « Le t final est logique puisqu’on entend un son [t] ou [ʀ]. »
Ce qui se passe vraiment : Aucun [t] ne se prononce ni ne s’écrit à la 3ᵉ personne du singulier pour ce verbe au présent. L’erreur vient parfois de la confusion avec le passé simple (il envoya) ou avec des verbes du 3ᵉ groupe comme mettre (il mit).
Ce qu’il faut faire : Oublier ce t fantôme. Relier dans sa tête envoyer à d’autres verbes en -oyer :
- Il plie → Il ploie
- Il nettoie
- Il envoie
4. Accord avec le sujet
Ce qu’on croit : « La terminaison ne change pas avec le sujet. »
Ce qui se passe vraiment : En réalité, le radical change selon le pronom :
- J’envoie / Tu envoies / Il envoie
- Nous envoyons / Vous envoyez / Ils envoient
Ce qu’il faut faire : Mémoriser que nous et vous reprennent la forme avec y, tandis que les autres personnes utilisent ie. Par exemple :
- Vous envoyez toujours vos cartes postales à temps.
- Ils envoient les invitations la veille.
5. Attention à la conjugaison des temps composés
Ce qu’on croit : « Si je sais écrire au présent, je peux déduire toutes les formes. »
Ce qui se passe vraiment : Le verbe envoyer a un participe passé irrégulier : envoyé. Exemple : Il a envoyé un message. Ne pas écrire envoier ou envoyait là où ce n’est pas approprié.
Ce qu’il faut faire : Vérifier à chaque fois le temps voulu :
- Passé composé : j’ai envoyé
- Imparfait : j’envoyais
- Futur simple : j’enverrai (attention au radical !)
Tableau récapitulatif
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| Utiliser la terminaison -e : il envoie | |
| Distinguer le nom (envoi) du verbe (envoie) | |
| Aucun t à la 3ᵉ personne du singulier | |
| Adapter selon le sujet (nous envoyons, ils envoient) | |
| Vérifier les irrégularités aux autres temps |
Conclusion
En fin de compte, maîtriser l’orthographe de il envoie ne tient qu’à quelques réflexes : bannir le t final, distinguer nom et verbe, connaître la terminaison selon le sujet et rester vigilant aux autres temps.
Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.