Franglais: origine et formation – Liste des mots et phrases

Le franglais, ce n’est pas “un petit tic sympa” qu’on glisse dans un mail pour faire moderne… c’est un véritable écosystème de mots, de tournures et de réflexes qui s’infiltrent partout, du bureau à la cuisine, de la tech au marketing. À première vue, on pourrait croire que ce n’est qu’un mélange hasardeux. En réalité, son origine est claire, ses mécanismes sont repérables, et son usage peut être maîtrisé sans se faire des nœuds au cerveau. À vrai dire, vous n’êtes pas le seul à chercher une solution simple pour “parler pro” sans perdre votre français.

Voyons ensemble ce qu’il en est vraiment et comment bien faire.

1) Comprendre le franglais sans s’emmêler

  • Ce qu’on croit: Le franglais, c’est juste coller des mots anglais dans des phrases françaises.
  • Ce qui se passe vraiment: De façon générale, le franglais regroupe plusieurs phénomènes: emprunts directs (week-end, marketing), verbes hybridés (liker, forwarder), mots en -ing (parking, rebranding), calques sémantiques (être confortable avec pour “to be comfortable with”), et faux anglicismes (un pressing, un baby-foot). En d’autres termes, c’est un continuum, du mot adopté depuis des décennies (football) aux anglicismes crus tout frais du jour (on-boarding, time-boxer). D’une part, certains sont stabilisés, d’autre part, d’autres restent discutables.
  • Ce qu’il faut faire: Identifiez le type de franglais avant d’employer un terme.
    • Emprunt intégré: utilisez-le sans forcer (ex. “football”, “week-end”).
    • Verbe hybridé: remplacez par un verbe français (ex. “je te transmets” au lieu de “je te forwarde”).
    • -ing opportuniste: cherchez l’équivalent (ex. “plan de rebranding” → “changement de marque”).
    • Calque douteux: préférez l’expression idiomatique (“être à l’aise avec” plutôt que “être confortable avec”).
    • Faux anglicisme: vérifiez le sens (“un pressing” = teinturerie; en anglais “dry cleaner”). Par conséquent, un rapide tri préalable évite bien des maladresses.

2) Origines et trajectoire du franglais

  • Ce qu’on croit: Le franglais est un phénomène récent lié à Internet et aux startups.
  • Ce qui se passe vraiment: Au fil du temps, l’influence anglaise s’est installée par vagues: échanges commerciaux, sports, musique, cinéma, technologies. Le terme “franglais” s’est popularisé au XXe siècle, mais l’emprunt lui-même est plus ancien (redingote de “riding coat”, paquebot de “packet-boat”). Après-guerre, l’anglais devient la lingua franca des affaires et de la science, accélérant les emprunts. Sous un autre angle, le digital n’a fait que densifier un mouvement déjà lancé.
  • Ce qu’il faut faire: Dédramatisez. La question n’est pas “zéro anglicisme” mais “usage clair et à propos”.
    • Dans l’immédiat: remplacez les tics superfétatoires (“on se call”, “je te pinge”) par des équivalents français simples (“on s’appelle”, “je te relance”).
    • À long terme: fixez des conventions d’équipe: une colonne “Équivalents FR” dans votre glossaire interne, mise à jour au plus tôt chaque trimestre. De fil à aiguille, cela change les habitudes.

3) Ce qui est acceptable… et ce qui l’est moins

  • Ce qu’on croit: Tous les anglicismes sont mauvais ou interdits.
  • Ce qui se passe vraiment: Quoi qu’il en soit, tout n’est pas à jeter. Certains emprunts sont parfaitement admis et transparents (week-end, football), d’autres brouillent la compréhension (deadline sans préciser la “date limite”), d’autres encore restent opaques hors d’un milieu (OKR, churn). En d’autres termes, le problème n’est pas l’anglais en soi, mais l’opacité pour le lecteur. Dans un document public ou légal, on privilégie la clarté; en échange interne, on contextualise.
  • Ce qu’il faut faire: Ajustez selon l’audience et le support.
    • Mails externes / documents clients: privilégiez “date limite, feuille de route, présentation, jalon, version”.
    • Spécifications techniques: vous pouvez conserver des termes standards si l’équipe les maîtrise (commit, build, release), mais expliquez-les au premier emploi.
    • Com interne rapide: tolérance plus large, mais évitez le superflu. Par exemple, “on avance la date limite de deux jours” parle mieux que “on pull la deadline”.

4) Le lexique concret: des équivalents qui fonctionnent

  • Ce qu’on croit: On n’a pas d’équivalents français pratiques, alors autant rester en anglais.
  • Ce qui se passe vraiment: De toute évidence, les équivalents existent. Ils sont souvent plus clairs pour tout le monde, y compris pour les nouveaux arrivants. Certains viennent du Canada francophone (courriel, fin de semaine) mais restent parfaitement compréhensibles. Pour faire court, on gagne en précision et en inclusivité.
  • Ce qu’il faut faire: Piochez dans ce lexique opérationnel, domaine par domaine.

Business, marketing, organisation

  • deadline → date limite, échéance
  • feedback → retour, avis
  • benchmark → comparatif, référence
  • meeting/call → réunion, appel
  • onboarding/offboarding → intégration/départ
  • pipeline → portefeuille (prospects/projets)
  • pitch → présentation concise
  • rebranding → changement de marque
  • brand awareness → notoriété de marque
  • sales deck → présentation commerciale
  • lead → prospect
  • growth hacking → expérimentation de croissance
  • roadmap → feuille de route
  • milestone → jalon
  • backlog → liste des tâches en attente
  • ownership → responsabilité claire (référent)
  • KPI → indicateur clé
  • ROI → retour sur investissement
  • challenge (verbe) → questionner, mettre à l’épreuve

Exemples d’usage:

  • “On se call” → “On s’appelle à 14 h.”
  • “Tu peux me donner du feedback ?” → “Tu me fais un retour d’ici demain ?”
  • “C’est quoi la deadline ?” → “Quelle est la date limite ?”
  • “Le pitch” → “La présentation de 3 minutes.”

Tech, produit, design

  • feature → fonctionnalité
  • bug → anomalie, défaut
  • release → version (mise en production)
  • sprint → itération
  • merge → fusionner
  • commit → validation
  • code review → revue de code
  • user story → récit utilisateur
  • use case → cas d’usage
  • design system → système de conception
  • UI/UX → interface utilisateur / expérience utilisateur
  • framework → cadre de développement, framework (si connu)
  • cloud → informatique en nuage
  • machine learning → apprentissage automatique
  • deep learning → apprentissage profond
  • chatbot → assistant conversationnel
  • prompt → consigne
  • roll-back → retour arrière

Exemples d’usage:

  • “On ship la feature demain.” → “On publie la fonctionnalité demain.”
  • “On rollback si ça casse.” → “On fait un retour arrière si ça casse.”
  • “Fais une code review.” → “Peux-tu faire une revue de code ?”

Quotidien, services

  • email/e-mail → courriel, mail (selon contexte)
  • week-end → fin de semaine (selon préférence)
  • parking → stationnement
  • shopping → courses, lèche-vitrine (selon cas)
  • pressing → teinturerie
  • burger/hot-dog → burger/hot-dog (emprunts stabilisés)
  • sandwich club → sandwich club (emprunt lexical, accepté)
  • breakfast/brunch → petit-déjeuner/brunch (brunch admis)
  • spoiler → divulgâcher (terme proposé), “révéler la fin”

Exemples d’usage:

  • “Je te forwarde l’email.” → “Je te transfère le courriel.”
  • “On se fait un meeting au café ?” → “On se voit au café pour une réunion courte ?”

5) Les faux amis et calques qui piègent

  • Ce qu’on croit: Traduire mot à mot suffit, c’est plus rapide.
  • Ce qui se passe vraiment: En d’autres termes, le calque mot à mot trahit souvent le sens. “Supporter” n’est pas “to support” (soutenir), “sensible” n’est pas “sensitive” (sensible), “éventuellement” n’est pas “eventually” (finalement). C’est-à-dire, le lecteur comprend autre chose, et votre message se brouille.
  • Ce qu’il faut faire: Remplacez les calques par des tournures idiomatiques françaises.
    • be comfortable with → être à l’aise avec
    • make sense → avoir du sens
    • to challenge someone → remettre en question, mettre à l’épreuve
    • to address a problem → traiter un problème
    • to support a client → accompagner/soutenir un client
    • high-level → de haut niveau, global
    • to commit to → s’engager à
    • at scale → à grande échelle
    • actually → en fait
    • eventually → finalement
    • sensitive data → données sensibles
    • consistent → cohérent
    • to delay → repousser/retarder
    • to resume → reprendre

Exemples correctifs:

  • “Ça ne fait pas sens.” → “Ça n’a pas de sens.”
  • “Je suis confortable avec cette approche.” → “Je suis à l’aise avec cette approche.”
  • “On va adresser ce sujet.” → “On va traiter ce sujet.”
  • “Il a supporté le client.” → “Il a accompagné/soutenu le client.”

6) Les verbes en -er et les -ing: quand ça coince

  • Ce qu’on croit: Ajouter -er ou -ing marche toujours, c’est compris par tout le monde.
  • Ce qui se passe vraiment: À première vue, “liker”, “checker”, “starter”, “time-boxer” paraissent pratiques. Dans la réalité, selon le public, ces formes passent pour du jargon ou de la facilité. Les noms en -ing peuvent être de faux anglicismes (“un footing” pour “aller courir” n’est pas un vrai usage anglais), et diluent le sens précis (“un reporting” vagabond vs “un rapport mensuel”).
  • Ce qu’il faut faire: Privilégiez le verbe français ou le syntagme clair.
    • liker → aimer, mettre un “J’aime”
    • checker → vérifier, relire
    • starter → débuter, démarrer
    • time-boxer → limiter dans le temps
    • uploader → téléverser / mettre en ligne
    • customizer → personnaliser
    • brainstormer → faire un remue-méninges
    • reporting → rapport, suivi
    • planning (confusion) → planning = emploi du temps; pour “planification”, dites “planification”

Exemples d’usage:

  • “Je checke le doc.” → “Je vérifie le document.”
  • “On brainstorme 30 min.” → “On fait un remue-méninges de 30 minutes.”
  • “Fais le reporting.” → “Prépare le rapport de suivi.”

7) Clarté, prononciation, accords: la cohérence d’abord

  • Ce qu’on croit: La prononciation et l’accord des emprunts n’ont aucune importance.
  • Ce qui se passe vraiment: De fil à aiguille, les erreurs d’accord et de genre parasitent la lecture. En français, la plupart des emprunts prennent le pluriel en “s” (des parkings, des leaders), et le genre se stabilise selon l’usage (un email/un courriel; une roadmap/la feuille de route). Dans l’oral, une prononciation approximative n’est pas un drame; dans l’écrit, c’est la cohérence qui prime.
  • Ce qu’il faut faire: Fixez des conventions simples et tenez-vous-y.
    • Pluriels: “des benchmarks”, “des sprints”, “des emails” (ou “courriels”).
    • Genre: choisissez et uniformisez dans vos documents (“un sprint”, “une release” → mieux: “la version”).
    • Ponctuation: évitez les capitales inutiles (kpi → KPI, mais “indicateur clé” en minuscule).
    • Première occurrence: donnez l’équivalent français entre parenthèses: “feuille de route (roadmap)”. Ensuite, utilisez l’uniforme choisi. En fin de compte, la régularité rend tout lisible.

Exemples prêts à l’emploi par situations

Réunion et coordination

  • Phrase franglais: “On se fait un quick call pour aligner le scope et fixer la deadline ?”
    • Version claire: “On s’appelle rapidement pour clarifier le périmètre et fixer la date limite ?”
  • Phrase franglais: “Tu me donnes du feedback sur mon pitch avant la release ?”
    • Version claire: “Tu me fais un retour sur ma présentation avant la mise en production ?”
  • Phrase franglais: “On locke le planning, puis on kick-off lundi.”
    • Version claire: “On fige le calendrier et on lance le projet lundi.”

Produit, tech, design

  • Phrase franglais: “On ship la feature, et si ça break on rollback.”
    • Version claire: “On publie la fonctionnalité, et si ça casse on fait un retour arrière.”
  • Phrase franglais: “Peux-tu checker les user stories et challenger les KPIs ?”
    • Version claire: “Peux-tu vérifier les récits utilisateurs et discuter les indicateurs clés ?”
  • Phrase franglais: “Notre roadmap manque de milestones pour le Q3.”
    • Version claire: “Notre feuille de route manque de jalons pour le troisième trimestre.”

Commercial et marketing

  • Phrase franglais: “On a besoin d’un benchmark pour booster l’awareness.”
    • Version claire: “On a besoin d’un comparatif pour augmenter la notoriété.”
  • Phrase franglais: “Le pipeline de leads est low, on doit scaler.”
    • Version claire: “Le portefeuille de prospects est faible, on doit changer d’échelle.”
  • Phrase franglais: “Prépare un sales deck pour le rebranding.”
    • Version claire: “Prépare une présentation commerciale pour le changement de marque.”

Quotidien et services

  • Phrase franglais: “Je te forwarde l’email et on se fait un meeting au café.”
    • Version claire: “Je te transfère le mail et on se voit au café pour une courte réunion.”
  • Phrase franglais: “Le parking est full, on fait du shopping ailleurs.”
    • Version claire: “Le stationnement est plein, on fera nos courses ailleurs.”

Liste récapitulative

Idée reçue (Ce qu’on croit)Conseil utile (Ce qu’il faut faire)
Le franglais, c’est juste des mots anglais collés.Identifier le type d’emprunt (direct, -ing, verbe hybridé, calque, faux anglicisme) puis choisir l’équivalent adapté.
Phénomène récent lié au digital.Le mouvement est ancien; adoptez des équivalents clairs et des conventions d’équipe.
Tous les anglicismes sont mauvais.Ajustez au public: équivalents français en externe, termes techniques expliqués en interne.
On n’a pas d’équivalents pratiques.Utilisez le lexique fourni par domaines (business, tech, quotidien) avec exemples concrets.
La traduction mot à mot suffit.Évitez les calques; préférez les tournures idiomatiques françaises (“avoir du sens”, “traiter un sujet”).
-er et -ing marchent toujours.Préférez les verbes français et les noms précis; évitez le jargon gratuit.
Prononciation/accord: pas important.Fixez des règles simples (pluriel en s, genre choisi, première occurrence explicite) et tenez-vous-y.

Conclusion

Pour faire court, le franglais n’est ni un fléau absolu ni une fatalité: c’est un terrain à baliser. En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. D’une part, vous gagnez en clarté et en crédibilité; d’autre part, vous rendez vos textes plus accessibles, maintenant et à long terme. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.

À propos de l’auteur

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