Hum !! l’on hésite entre “parti” et “partie” ? “Pris” et “prise”, actif et passif ? . Bon… ça vaut ce que ça vaut mais sachez que cette locution piège pas mal de monde, y compris des rédacteurs les plus expérimentés.
Parti ou partie : l’orthographe qui fâche
Ce qu’on croit: On écrit “pris à parti” sans e, c’est plus logique avec “parti politique”.
Ce qui se passe vraiment: Ici, “partie” est un nom commun féminin qui n’a rien à voir avec le “parti” politique. “Prendre quelqu’un à partie” signifie l’attaquer verbalement, l’apostropher ou l’accabler de reproches. Par conséquent, on écrit toujours “à partie” avec un e à “partie”. De façon générale, retenez que “partie” renvoie à la personne visée (la “partie” d’un litige, sous un autre angle), tandis que “parti” renvoie à l’opinion ou au camp.
Ce qu’il faut faire: Écrivez systématiquement “à partie”.
- Exemples:
- “Ils ont pris l’arbitre à partie.”
- “Elle a été prise à partie après la réunion.”
- “La foule a pris le maire à partie à la sortie.”
Pris, prise, prises : l’accord du participe passé
Ce qu’on croit: On laisse toujours “pris” invariable dans “pris à partie”.
Ce qui se passe vraiment: “Pris” est le participe passé de “prendre”. Avec l’auxiliaire “être”, il s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. On écrira donc “elle a été prise à partie”, “elles ont été prises à partie”. À première vue, cela paraît scolaire, mais l’accord change le visage de votre phrase. En outre, avec “avoir”, le participe s’accorde avec le complément d’objet direct si, et seulement si, ce COD est placé avant: “les personnes qu’on a prises à partie”.
Ce qu’il faut faire: Accordez “pris” selon les règles classiques.
- Exemples:
- “Il a été pris à partie par les clients.”
- “Elles ont été prises à partie sur le quai.”
- “Les témoins qu’on a pris à partie” → faux, corrigez en “qu’on a prisES à partie” (COD “les témoins” placé avant; si ce sont des femmes: “les témoins qu’on a prises à partie”).
- “On les a prises à partie” (COD “les” avant, accord).
Prendre à partie, prendre parti, à part : ne pas confondre
Ce qu’on croit: “Prendre à partie”, “prendre parti” et “prendre à part” veulent dire plus ou moins la même chose.
Ce qui se passe vraiment: Ces trois tournures n’ont pas le même sens.
- “Prendre quelqu’un à partie” = l’attaquer, l’invectiver, s’en prendre à lui.
- “Prendre parti” = choisir un camp, se positionner pour ou contre.
- “Prendre quelqu’un à part” = l’écarter du groupe pour lui parler en privé. En d’autres termes, confondre ces formes peut produire des contresens sérieux.
Ce qu’il faut faire: Choisissez la locution qui dit exactement ce que vous voulez dire.
- Exemples:
- “Le journaliste a pris parti pour la réforme.” (position)
- “Des passants l’ont pris à partie.” (attaque)
- “Le manager l’a pris à part pour un brief discret.” (entretien privé)
Sens et niveau de langue : la nuance qui compte
Ce qu’on croit: “Être pris à partie” signifie juste “être interpellé” de façon neutre.
Ce qui se passe vraiment: La locution est plutôt forte. Elle suggère un affrontement verbal, parfois agressif, pas une simple question posée calmement. De toute évidence, l’emploie-t-on à tort pour des situations banales, le texte surjoue l’intensité. D’une part, “interpeller” peut être neutre; d’autre part, “prendre à partie” suggère hostilité, reproches, invectives.
Ce qu’il faut faire: Réservez “prendre/être pris à partie” à des contextes de tension.
- Exemples:
- Approprié: “Après la décision, la direction a été prise à partie par des actionnaires furieux.”
- Trop fort: “Le client m’a pris à partie pour demander l’heure.” → préférez “m’a interpellé / m’a demandé”.
- Synonymes utiles: “s’en prendre à”, “invectiver”, “apostropher”, “accabler de reproches”, “prendre pour cible”.
Construction de phrase : actif, passif et compléments
Ce qu’on croit: La tournure se construit toujours de la même manière, peu importe la voix.
Ce qui se passe vraiment: La voix change la structure et éclaire “qui fait quoi”.
- Voix active: “X prend Y à partie.” Sujet = l’attaquant; COD = la personne visée.
- Voix passive: “Y est pris à partie (par X).” Sujet = la personne visée; complément d’agent facultatif. À long terme, maîtriser les deux aide à varier les formulations et à gagner en précision.
Ce qu’il faut faire: Vérifiez la cohérence du sujet et du complément.
- Exemples:
- Actif: “Des supporters ont pris l’arbitre à partie.”
- Passif: “L’arbitre a été pris à partie par des supporters.”
- Pronominalisation: “Ils l’ont pris à partie.” / “Il a été pris à partie.”
- Mise en relief: “C’est l’arbitre qu’on a pris à partie.” (accord avec “l’arbitre” si COD antéposé au pluriel/féminin)
“Prise à partie” comme nom : un cas différent
Ce qu’on croit: “Prise à partie” au féminin est une faute, on doit écrire “pris à partie” partout.
Ce qui se passe vraiment: “Prise à partie” existe aussi comme nom féminin et désigne l’action elle-même: “une prise à partie”, “des prises à partie”. Dans l’immédiat, retenez la différence: adjectival/verbal (“être prisE à partie”) vs nominal (“une prise à partie”). Sous un autre angle, la graphie vous rappelle l’accord: le nom “prise” prend un e fixe; le participe “pris/prise” varie.
Ce qu’il faut faire: Employez la forme nominale quand vous parlez de l’événement, pas de la personne visée.
- Exemples:
- Nom: “La réunion a dégénéré en prises à partie.”
- Verbal/adjectival: “La porte-parole a été prise à partie.”
- Reformulation: “Cet échange a tourné à la prise à partie du témoin.”
Petits détails qui sauvent : accent, traits d’union et collocations
Ce qu’on croit: On peut écrire “a partie” sans accent, ou coller un trait d’union.
Ce qui se passe vraiment: On écrit “à” avec accent grave; “a” sans accent est le verbe “avoir”. Aucun trait d’union n’est requis: “pris à partie” sont trois mots séparés. De façon générale, la préposition est “à”, pas “de”: “pris à partie”, jamais “pris de partie”. Et, pour faire court, gardez l’ordre canonique: verbe + COD + “à partie” si vous restez à la voix active.
Ce qu’il faut faire: Soignez les détails formels, ils crédibilisent votre texte.
- Exemples:
- Correct: “Ils ont pris l’agent à partie.”
- Incorrect: “Ils ont pris l’agent a partie.” / “Ils ont pris l’agent-à-partie.” / “Ils l’ont pris de partie.”
- Variante correcte: “Ils s’en sont pris à l’agent.” (synonyme, autre construction)
Conjugaison et temps : rester clair et naturel
Ce qu’on croit: Cette locution sonne mieux au passé simple ou au plus-que-parfait, à employer partout.
Ce qui se passe vraiment: Comme toute tournure, elle se conjugue au temps de votre narration. Au plus tôt, choisissez un temps courant et lisible pour vos lecteurs. Au fil du temps, le passé composé, l’imparfait, le présent de narration servent l’efficacité. Le passé simple passe en littérature, mais alourdit des comptes rendus.
Ce qu’il faut faire: Préférez des temps usuels et harmonisez dans votre texte.
- Exemples:
- Présent: “La porte s’ouvre, on le prend à partie.”
- Passé composé: “À la sortie, elle a été prise à partie.”
- Imparfait: “À chaque réunion, ils le prenaient à partie.”
- Futur: “S’il persiste, il sera pris à partie.”
Liste récapitulative
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| “Pris à parti” s’écrit sans e. | Écrire “pris à partie” avec “partie” au féminin. |
| “Pris” est toujours invariable. | Accorder “pris/prise/pris/prises” avec “être” et avec le COD antéposé quand il y a “avoir”. |
| “Prendre à partie”, “prendre parti”, “prendre à part”, c’est pareil. | Choisir la locution selon le sens: attaque / position / aparté. |
| “Être pris à partie” est neutre. | Réserver la locution à un contexte conflictuel ou agressif. |
| La construction ne change pas selon la voix. | Maîtriser actif (“X prend Y à partie”) et passif (“Y est pris à partie”). |
| “Prise à partie” est une faute. | Employer “prise à partie” comme nom pour l’action elle-même. |
| On peut écrire “a partie” ou mettre un trait d’union. | Écrire “à” avec accent et sans trait d’union; préférer “à”, pas “de”. |
| Les temps littéraires sont meilleurs. | Utiliser les temps usuels (présent, passé composé, imparfait, futur) selon le contexte. |
Conclusion
Pour faire court: “pris à partie” n’est pas sorcier, mais ça se mérite. En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs, du contresens à la faute d’accord. Quoi qu’il en soit, vous n’êtes pas le seul à chercher une solution simple: gardez “partie” avec e, accordez “pris” comme tout participe, et distinguez soigneusement “à partie”, “parti” et “à part”. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.