À première vue, « envoyer » semble un verbe simple, presque évident. Et pourtant, au fil du temps, c’est l’un de ceux qui nous piègent le plus, entre le y qui se transforme en i, le futur qui double son r, et les accords du participe passé qui font hésiter. À vrai dire, vous n’êtes pas le seul à chercher une solution simple et fiable. Voyons ensemble ce qu’il en est vraiment et comment bien faire.
Le présent de l’indicatif sans hésiter
Ce qu’on croit: On écrit « j’envoye » et « nous envoions », le y reste toujours.
Ce qui se passe vraiment: De façon générale, « envoyer » suit un schéma très régulier au présent: le y devient i aux personnes qui prennent une terminaison muette (je, tu, il/elle, ils/elles), tandis que nous et vous gardent le y. D’une part, on dit « j’envoie, tu envoies, il envoie, ils envoient ». D’autre part, « nous envoyons, vous envoyez » conservent la graphie classique.
Ce qu’il faut faire: Retenez la “chaussure” (ou “boot”) du présent: i partout, sauf chez nous et vous.
- Repère simple: Les terminaisons muettes → i (envoie / envoies / envoie / envoient).
- Repère complémentaire: Terminaisons sonores -ons / -ez → y (envoyons / envoyez).
- Exemples utiles: « J’envoie un message. » « Nous envoyons les documents. » « Ils envoient l’invitation. »
Futur et conditionnel: le double r, pas « j’envoyerai »
Ce qu’on croit: Au futur, on écrit « j’envoyerai » et au conditionnel « j’envoyerais ».
Ce qui se passe vraiment: Le verbe « envoyer » est irrégulier au futur et au conditionnel. La base change en « enverr- » (comme « voir » → « verr- »). Par conséquent, on écrit « j’enverrai » (futur) et « j’enverrais » (conditionnel). La différence entre futur et conditionnel tient à la terminaison, pas à la base.
Ce qu’il faut faire: En d’autres termes, bannissez « envoyerai » et « envoyerais ».
- Futur simple: j’enverrai, tu enverras, il enverra, nous enverrons, vous enverrez, ils enverront.
- Conditionnel présent: j’enverrais, tu enverrais, il enverrait, nous enverrions, vous enverriez, ils enverraient.
- Exemples utiles: « Je t’enverrai le contrat au plus tôt. » « À ta place, j’enverrais une relance. »
Subjonctif présent: « que nous envoyions », l’écrit qui pique
Ce qu’on croit: Le subjonctif présent copie le présent: « que nous envoions », « que vous envoiez ».
Ce qui se passe vraiment: Au subjonctif présent, on retrouve une alternance comparable au présent de l’indicatif, mais avec une particularité écrite: « que j’envoie, que tu envoies, qu’il envoie, qu’ils envoient » et… « que nous envoyions, que vous envoyiez ». De toute évidence, « envoyions / envoyiez » sont souvent mal orthographiés, parce qu’on veut calquer sur « envo- ».
Ce qu’il faut faire: Pour faire court, gardez i dans la “chaussure” et y avec nous/vous, en ajoutant les terminaisons du subjonctif.
- Formes clés: « Il faut que j’envoie », « Il est normal que nous envoyions », « Je doute que vous envoyiez ce fichier à temps. »
- Astuce visuelle: « envoyions / envoyiez » contiennent « envoy- » + « -ions / -iez » comme au passé simple de certains verbes, mais on reste bien au subjonctif présent.
- Exemples utiles: « Bien qu’il soit tard, il faut que tu envoies la note. » « Il importe que nous envoyions nos réponses dans l’immédiat. »
Passé composé et accords: avec « avoir », mais pas n’importe comment
Ce qu’on croit: Avec « avoir », le participe passé ne s’accorde jamais, donc on écrit toujours « envoyé ».
Ce qui se passe vraiment: Quoi qu’il en soit, la règle générale avec « avoir » est l’accord avec le COD s’il est placé avant. On écrira « les lettres que j’ai envoyées » (COD « lettres » placé avant, accord en -es), mais « j’ai envoyé les lettres » (pas d’accord). Sous un autre angle, pronominal ne veut pas dire “réflexe d’accord”: « s’envoyer quelque chose » implique un complément indirect, donc pas d’accord avec « se » seul.
Ce qu’il faut faire: Identifiez le COD et regardez s’il est avant le participe.
- Avec avoir: « J’ai envoyé des documents. » / « Les documents que j’ai envoyés. »
- Pronominal (indirect): « Ils se sont envoyé des messages. » (pas d’accord, « se » = COI)
- Pronominal + objet direct avant: « Elles se les sont envoyés. » (accord avec « les » placé avant → « envoyés »)
- Exemples utiles:
- « La carte que j’ai envoyée est arrivée. »
- « Ils se sont envoyé des preuves, en d’autres termes, ils se les ont partagées. »
- « Les fichiers que nous vous avons envoyés hier. »
Impératif et pronoms: « Envoie-le », mais « N’envoie pas »
Ce qu’on croit: On écrit toujours « envoie le » sans trait d’union, y compris à l’impératif.
Ce qui se passe vraiment: À l’impératif affirmatif, les pronoms compléments s’attachent par un trait d’union: « envoie-le », « envoie-lui », « envoyons-les », « envoyez-moi ». En revanche, à la forme négative, on revient à l’ordre “avant verbe”: « ne lui envoie pas », « ne m’envoyez pas ». C’est-à-dire: trait d’union à l’affirmatif, pas de trait d’union à la négation.
Ce qu’il faut faire: Appliquez la règle du trait d’union uniquement à l’affirmatif et placez bien les pronoms.
- Affirmatif: « Envoie-le au service clients. » « Envoyez-moi vos questions. » « Envoyons-les ce soir. »
- Négatif: « Ne lui envoie pas ce fichier. » « Ne m’envoyez pas de doublons. »
- Astuce pratique: À long terme, mémoriser « Donne-le / Ne le donne pas » aide pour tous les verbes: « Envoie-le / Ne l’envoie pas. »
Homophones et orthographe: « envoi », « envoie », « envois », « envoies »
Ce qu’on croit: On peut écrire « envoie » pour parler d’un « envoi », c’est pareil.
Ce qui se passe vraiment: « Envoi » est le nom (un envoi, des envois). « Envoie » correspond à la forme verbale (présent ou impératif: « il envoie », « envoie-le »). « Envois » est le pluriel du nom. « Envoies » est la forme verbale pour « tu » (tu envoies). De fil à aiguille, ces homophones provoquent des erreurs, surtout dans les objets d’e-mail ou les formulaires.
Ce qu’il faut faire: Choisissez selon la nature du mot dans la phrase.
- Nom: « un envoi », « des envois » (toujours un i à la fin au singulier, un s au pluriel).
- Verbe, 3e pers. sing. / impératif 2e pers.: « il envoie », « envoie ».
- Verbe, 2e pers. sing.: « tu envoies ».
- Exemples utiles:
- « Votre envoi a bien été reçu. » (nom)
- « Tu envoies la facture ? » (verbe)
- « Envoie le lien, s’il te plaît. » (impératif)
- « Plusieurs envois sont en attente. » (nom pluriel)
Participe présent et gérondif: « en envoyant » sans confondre
Ce qu’on croit: Le participe présent d’« envoyer » s’écrit « en envoyent ».
Ce qui se passe vraiment: Le participe présent est « envoyant » et le gérondif « en envoyant ». À vrai dire, on confond parfois avec les terminaisons en -ant d’autres formes, mais ici la base reste claire: « envoy- » + « -ant ». Par exemple, « en envoyant le dossier à temps, on gagne des jours de traitement ».
Ce qu’il faut faire: Utilisez « envoyant » dans vos propositions participiales et gérondives.
- Participe présent: « Des équipes envoyant des rapports quotidiens. »
- Gérondif: « En envoyant tôt, vous augmentez vos chances de réponse. »
- Astuce: Remplacez mentalement par « en faisant »; si la phrase tient, le gérondif est pertinent.
Liste récapitulative
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| i aux personnes à terminaison muette (j’envoie, tu envoies, il envoie, ils envoient) ; y avec nous/vous (nous envoyons, vous envoyez). | |
| Base irrégulière enverr-: futur « j’enverrai », conditionnel « j’enverrais ». | |
| Subjonctif présent: « que j’envoie », « que nous envoyions », « que vous envoyiez ». | |
| Accord avec le COD s’il est placé avant: « les lettres que j’ai envoyées »; pronominal indirect: pas d’accord (« Ils se sont envoyé des messages »). | |
| Affirmatif: pronoms après le verbe avec traits d’union (« Envoie-le »). Négatif: pronoms avant le verbe, sans trait d’union (« Ne l’envoie pas »). | |
| « envoi » = nom; « envoie »/« envoies » = formes verbales; « envois » = nom pluriel. | |
| Participe présent/gérondif: « (en) envoyant ». |
Conclusion
En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. À première vue, « envoyer » paraît capricieux; en d’autres termes, c’est surtout une poignée de règles claires: i/y au présent, enverr- pour le futur/conditionnel, subjonctif bien distinct avec « envoyions », accords réfléchis au passé composé, et des homophones à repérer rapidement. Par conséquent, dans l’immédiat comme à long terme, vous gagnerez en fluidité et en confiance: vos phrases seront nettes, vos e-mails précis, et vos accords impeccables. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.