Qui n’a jamais hésité une seconde avant d’écrire « je rie » ou « je ris » ? À première vue, « rire » a l’air simple comme bonjour. En réalité, ses formes changent vite d’un temps à l’autre, et certains homophones nous jouent des tours (de toute évidence, « rit » n’a rien à voir avec le « riz » du déjeuner).
Voyons ensemble ce qu’il en est vraiment et comment bien faire. Passons maintenant aux conseils concrets.
Bien conjuguer « rire » : 6 pièges fréquents et comment les éviter
1) Présent et homophones piégeux
Ce qui se passe vraiment: Au présent de l’indicatif, les formes sont:
je ris, tu ris, il/elle/on rit, nous rions, vous riez, ils/elles rient. À vrai dire, « je rie » n’est pas un présent… c’est une forme du subjonctif présent (que je rie). De fil à aiguille, on confond aussi « il rit » (verbe) et « le riz » (nom), sans parler du pluriel « les rires » (nom).
Ce qu’il faut faire: Mémorisez le triptyque: « je ris / il rit / ils rient ». Un moyen mnémotechnique: au singulier 1re et 2e personne, on garde « -is »; à la 3e, c’est « -it »; au pluriel 3e, « -ent » silencieux mais graphie « rient ».
- Exemples:
- « Aujourd’hui, je ris aux éclats. »
- « Elle rit pour détendre l’atmosphère. »
- « Ils rient de la blague, quoi qu’il en soit. »
2) Futur et conditionnel: pas de « rier- », mais « rir- »
Ce qu’on croit: « Demain, je rierai » / « À ta place, je rierais »
Ce qui se passe vraiment: Le radical du futur et du conditionnel est « rir- » (et non « rier- »). Par conséquent, on écrit: futur simple « je rirai, tu riras, il rira, nous rirons, vous rirez, ils riront »;
conditionnel présent « je rirais, tu rirais, il rirait, nous ririons, vous ririez, ils riraient ».
Ce qu’il faut faire: Entendez mentalement « rir- » comme si vous disiez « sourire » sans le « sou- ». En d’autres termes, bannissez toute forme en « rier- ».
- Exemples:
- « Si tout se passe bien, nous rirons ensemble ce soir. »
- « À ta place, je rirais au lieu de m’énerver. »
- « Vous rirez quand vous apprendrez la chute. »
3) Imparfait et subjonctif: les « ii » qui font peur… mais qui sont logiques
Ce qu’on croit: « Nous rions à l’imparfait » / « Que nous riions, ça n’existe pas »
Ce qui se passe vraiment: À l’imparfait, le radical est « ri- » suivi des terminaisons habituelles: je riais, tu riais, il riait, nous riions, vous riiez, ils riaient. Oui, « riions/riiez » contiennent deux « i ». Au subjonctif présent, on a: que je rie, que tu ries, qu’il rie, que nous riions, que vous riiez, qu’ils rient.
Ce qu’il faut faire: Acceptez les « ii » comme la rencontre entre le radical « ri- » et la terminaison « -ions/-iez ». Pour faire court: ne supprimez pas un « i » par « esthétique ».
- Exemples:
- Imparfait: « Quand nous étions enfants, nous riions pour un rien. »
- Subjonctif: « Il faut que vous riiez un peu, sous un autre angle, ça aide. »
- Imparfait: « Ils riaient sans se forcer, au fil du temps. »
4) Passé composé, « ri » invariable et confusion avec « rit »
Ce qu’on croit: « Elle a rit toute la soirée »
Ce qui se passe vraiment: Le participe passé de « rire » est « ri », et l’auxiliaire est « avoir »: « j’ai ri, tu as ri, il a ri, nous avons ri, vous avez ri, ils ont ri ». De façon générale, « ri » est invariable parce que « rire » est intransitif dans l’usage courant. Attention: « il rit » (présent 3e personne) n’a pas de accent ni de « e » final, et ne s’emploie pas avec « avoir ».
Ce qu’il faut faire: Écrivez systématiquement « a ri » au passé composé, sans « t ». Si vous hésitez, remplacez par un autre verbe du même modèle au passé composé (« a lu ») pour vérifier l’absence de « t ».
- Exemples:
- « Elle a ri à la chute, en fin de compte. »
- « Nous avons ri malgré la fatigue. »
- « Vous avez ri de bon cœur, d’une part parce que c’était drôle, d’autre part parce que ça détend. »
5) Passé simple et formes littéraires: ne pas confondre avec le présent
Ce qu’on croit: « Le passé simple de ‘rire’ n’existe pas » or il existe bel et bien
Ce qui se passe vraiment: Le passé simple existe bel et bien: je ris, tu ris, il rit, nous rîmes, vous rîtes, ils rirent. À première vue, les trois premières personnes sont identiques au présent, mais le contexte narratif lève l’ambiguïté. Les formes « rîmes, rîtes » portent un accent circonflexe. Le subjonctif imparfait, plus rare, donne: « que je risse, que tu risses, qu’il rît, que nous rissions, que vous rissiez, qu’ils rissent ».
Ce qu’il faut faire: En lecture littéraire, identifiez le temps par le cadre narratif. En écriture, évitez le passé simple si vous n’êtes pas à l’aise; quoi qu’il en soit, si vous l’utilisez, retenez « nous rîmes, vous rîtes, ils rirent ».
- Exemples:
- « Il raconta l’histoire, et toute la salle rit. »
- « Nous rîmes de bon cœur, puis nous reprîmes nos esprits. »
- « Ils rirent longtemps avant de partir. »
6) Modes, formes liées et accords: l’essentiel sans se noyer
Ce qu’on croit: « Le participe présent prend un ‘e’ au féminin »
Ce qui se passe vraiment: Le participe présent est « riant » (invariable en tant que participe présent), et le gérondif « en riant ». Employé comme adjectif, « riant » s’accorde: « une scène riante ». L’impératif est simple: « ris, rions, riez ». Les formes pronominales existent (« se rire de »), mais restent soutenues; elles n’impliquent pas d’accord du participe passé puisqu’il est invariable ici.
Ce qu’il faut faire: Distinguez bien:
- « riant » (participe présent/gérondif) invariable, sauf adjectif.
- « ri » (participe passé) invariable au passé composé.
- Impératif sans fioritures: « ris ! », « rions ! », « riez ! ».
- Exemples:
- Participe présent: « En riant, il a désamorcé la tension. »
- Adjectif: « Une lumière riante baignait la place. »
- Impératif: « Riez un bon coup, dans l’immédiat, ça fait du bien. »
Exemples-guides par temps et modes (à garder sous la main)
- Présent (indicatif): Je ris, tu ris, il rit, nous rions, vous riez, ils rient.
- Exemples: « Je ris dès qu’il commence. » « Ils rient ensemble. »
- Imparfait (indicatif): Je riais, tu riais, il riait, nous riions, vous riiez, ils riaient.
- Exemples: « Nous riions tous les soirs. » « Elle riait sans retenue. »
- Futur simple: Je rirai, tu riras, il rira, nous rirons, vous rirez, ils riront.
- Exemples: « Tu riras quand tu verras la fin. »
- Conditionnel présent: Je rirais, tu rirais, il rirait, nous ririons, vous ririez, ils riraient.
- Exemples: « Je rirais si ce n’était pas si tard. »
- Passé composé (avec avoir): J’ai ri, tu as ri, il a ri, nous avons ri, vous avez ri, ils ont ri.
- Exemples: « On a ri toute la nuit. »
- Subjonctif présent: Que je rie, que tu ries, qu’il rie, que nous riions, que vous riiez, qu’ils rient.
- Exemples: « Il faut que tu ries plus souvent. »
- Passé simple (littéraire): Je ris, tu ris, il rit, nous rîmes, vous rîtes, ils rirent.
- Exemples: « Ils rirent, puis se turent. »
- Participe présent / Gérondif: Riant / En riant.
- Exemples: « En riant, elle a tout avoué. »
- Impératif: Ris, rions, riez.
- Exemples: « Riez, ça détend à long terme. »
Astuce: sous un autre angle, reliez « rire » à « sourire ». Le radical « rir- » du futur/conditionnel s’entend comme dans « sourire »: « je sourirai » → « je rirai ». Dans l’immédiat, cette analogie évite la faute « rierai ».
Tableau récapitulatif
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| Écrire « je ris » au présent; « je rie » est subjonctif. | |
| Conserver les « ii »: « nous riions », « vous riiez ». | |
| Utiliser le radical « rir- »: « je rirai », « je rirais ». | |
| Participe passé « ri » invariable: « elle a ri ». | |
| Employer « nous rîmes, vous rîtes, ils rirent » si nécessaire. | |
| « riant » invariable comme participe; s’accorde seulement comme adjectif (« une place riante »). | |
| « Ris », « rions », « riez » — simple et direct. |
Conclusion
En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. À vrai dire, « rire » n’est pas capricieux: il suit des logiques régulières dès qu’on identifie le présent, le radical « rir- » du futur/conditionnel, les « ii » à l’imparfait/subjonctif, et l’invariabilité de « ri ». De façon générale, un réflexe suffit: quand un doute vous prend, testez une phrase modèle et comparez. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.