— Qui dit « à long terme », dit souvent « pas maintenant ». Dans les faits, cette expression est utilisée comme une échappatoire. Elle permet de repousser les décisions, de temporiser les engagements, de différer les actions. C’est le « on verra plus tard » déguisé en stratégie.
En politique, c’est un classique. Prenons l’exemple des plans climatiques : « neutralité carbone à l’horizon 2050 ». Très bien. Mais en attendant ? On continue à subventionner les énergies fossiles, à bétonner les terres agricoles, à tergiverser sur les mesures contraignantes.
Sur le plan marketing, c’est tout aussi savoureux. Une entreprise annonce une « transformation digitale à long terme »… pendant qu’elle continue à envoyer des fax.
→ Solution qui marche :
- Exiger des jalons clairs. Un plan à long terme doit être découpé en étapes concrètes, avec des échéances précises.
- Refuser les promesses sans livrables immédiats. Tant que rien ne change dans le présent, le futur reste une illusion.
- Appliquer la méthode du « rétroplanning inversé » : partir de l’objectif lointain et remonter jusqu’à aujourd’hui pour identifier ce qui doit être fait… maintenant.
2. Le « long terme » comme cache-misère marketing
— En théorie, le long terme est noble. Il évoque la vision, la durabilité, la stratégie. Mais en pratique, il est souvent utilisé pour masquer l’absence de solution réelle.
Notamment dans les campagnes publicitaires, où l’on promet des effets « visibles à long terme » pour des crèmes, des régimes, des formations. Comme si le flou temporel permettait de ne jamais prouver l’efficacité.
À l’instar de certaines start-ups qui lèvent des fonds en vantant leur « potentiel à long terme », sans avoir encore trouvé leur modèle économique.
→ Bonne pratique :
- Demander des preuves tangibles. Si une promesse est faite, elle doit être accompagnée d’indicateurs mesurables.
- Refuser les formulations vagues. « À long terme » doit être remplacé par une date, une durée, une échéance.
- Sur le plan personnel : ne pas acheter un produit ou un service sur la base d’un bénéfice hypothétique.
3. Le flou stratégique : quand « à long terme » devient une stratégie d’évitement
— À cet égard, le « long terme » est un outil rhétorique puissant. Il permet de parler sans agir, de rassurer sans engager, de séduire sans livrer.
Dans les discours politiques, c’est devenu un tic. « Nous avons un plan à long terme pour l’éducation », dit-on… sans jamais détailler les mesures concrètes.
Comme si le simple fait d’avoir une « vision » suffisait à compenser l’absence d’action.
→ Conseil applicable :
- Exiger la publication des plans détaillés. Un plan à long terme sans feuille de route est une coquille vide.
- Sur le plan citoyen : lire les programmes, repérer les formulations floues, poser des questions précises.
- Dans le cadre professionnel : refuser les projets sans livrables intermédiaires.
4. Le « long terme » comme outil de procrastination collective
— En parallèle, cette expression est devenue une excuse collective pour ne pas affronter les urgences. « On va réformer le système de retraite à long terme », dit-on… pendant que les déficits s’accumulent. « On va revoir notre modèle énergétique à long terme », pendant que les centrales vieillissent.
Comme si le futur allait, par magie, résoudre les problèmes du présent.
→ Solution concrète :
- Mettre en place des audits réguliers. Le long terme doit être surveillé, mesuré, corrigé.
- Créer des comités de suivi indépendants, capables de vérifier l’avancement des promesses.
- Sur le plan personnel : ne pas se laisser bercer par les discours. Agir dans le présent, même à petite échelle.
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5. Le « long terme » comme slogan creux : satire et réalité
— À l’égal de « développement durable » ou « croissance inclusive », le « long terme » est devenu un slogan. Il est utilisé pour donner du poids à des discours creux, pour masquer l’absence de vision, pour faire joli dans les PowerPoint.
Par exemple, lors des élections, chaque candidat promet un « plan à long terme »… sans jamais dire comment il sera financé, mis en œuvre, évalué.
Comme si le simple fait de parler du futur suffisait à convaincre.
→ Bonne pratique :
- Développer l’esprit critique. Ne pas se laisser séduire par les mots, mais chercher les actes.
- Sur le plan médiatique : privilégier les analyses qui confrontent les promesses aux faits.
- Sur le plan éducatif : enseigner la différence entre vision et action, entre stratégie et opération.
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6. Comment réhabiliter le « long terme » sans tomber dans le flou
— Malgré tout, le long terme n’est pas à jeter. À condition qu’il soit défini, mesuré, suivi.
Dans la mesure où les grands enjeux (climat, éducation, santé) nécessitent des plans sur plusieurs décennies, il est essentiel de réhabiliter cette notion… mais sans naïveté.
→ Solutions durables :
- Définir le « long terme » : 5 ans ? 10 ans ? 30 ans ? Cela dépend du domaine.
- Associer le long terme à des actions immédiates. Chaque plan doit commencer aujourd’hui.
- Créer une culture de la responsabilité différée : ce qui est promis pour demain doit être préparé dès maintenant.