je le sens / je le sent / ? – Orthographe

Avouons-le: entre “je le sens” et “je le sent”, on hésite parfois, surtout quand tout sonne pareil à l’oral.

1) “Je le sens” ou “je le sent” au présent

Ce qu’on croit: Le “t” final est logique parce qu’on entend [sɑ̃], donc “je le sent” passe.

Ce qui se passe vraiment: Au présent de l’indicatif, “sentir” se conjugue ainsi: je sens, tu sens, il/elle/on sent, nous sentons, vous sentez, ils/elles sentent. De façon générale, la terminaison “-t” n’apparaît qu’à la 3e personne du singulier. En d’autres termes: “je” et “tu” prennent “sens”, “il/elle/on” prend “sent”. Si tout sonne pareil à l’oral, c’est parce que le “t” de “sent” est muet: on n’entend pas la différence, on la voit à l’écrit.

Ce qu’il faut faire: Écrivez toujours “je le sens” avec “-s” à “sens”. Par exemple:

  • Exemple: Je le sens bien.
  • Exemple: Je le sens arriver.
  • Exemple: Je le sens depuis hier. Sous un autre angle: remplacez “je” par “il” pour vérifier la terminaison. Si la phrase devient “il le sent”, alors avec “je” c’était “je le sens”. Par conséquent, la présence de “le” (COD) n’influence pas la terminaison du verbe.

2) L’objet direct ne change pas la conjugaison

Ce qu’on croit: Parce qu’il y a “le”, il faut un “t” à la fin: “je le sent”.

Ce qui se passe vraiment: Le pronom “le” est un complément d’objet direct. Il n’a aucune incidence sur la personne du verbe. Ce qui fixe la terminaison, c’est le sujet: je/tu = sens, il/elle/on = sent. De fil à aiguille, l’erreur vient du fait qu’on visualise la phrase comme un bloc (“je-le-sent”), alors qu’en réalité, on doit d’abord identifier le sujet, puis seulement le verbe.

Ce qu’il faut faire: Isolez le verbe et son sujet. Posez-vous la question: “Qui sent ?” Si c’est “je”, la forme correcte est “sens”. Par exemple:

  • Exemple: Je la sens prête.
  • Exemple: Je l’entends, je le sens aussi.
  • Exemple: Je te sens stressé. Pour faire court: d’une part, le pronom se place devant le verbe; d’autre part, c’est le sujet qui commande l’orthographe du verbe, jamais l’objet.

3) Attention au piège “se sentir”: je me sens (et non je me sent)

Ce qu’on croit: Avec “se”, il faut “sent” parce que “se” ressemble à “il se…”.

Ce qui se passe vraiment: “Se sentir” est pronominal, mais ça ne change pas la personne du sujet. On dira “je me sens”, “tu te sens”, “il se sent”, “nous nous sentons”, “vous vous sentez”, “ils se sentent”. De toute évidence, la confusion vient du fait que “il se sent” existe bel et bien au singulier 3e personne, et sonne comme “je me sens” à l’oral. Quoi qu’il en soit, c’est le sujet qui décide: “je” → “sens”.

Ce qu’il faut faire: Avec “je”, écrivez toujours “je me sens”. Par exemple:

  • Exemple: Je me sens bien.
  • Exemple: Je me sens prêt à partir.
  • Exemple: Je ne me sens pas à l’aise. Dans l’immédiat, retenez ce duo utile: “je me sens / il se sent”. À long terme, cette opposition vous évitera l’erreur “je me sent”.

4) Homophones casse-pieds: sens, sent, sans, sang

Ce qu’on croit: Tout se prononce pareil, donc on peut écrire au feeling: “je le sans”, “je le sang”, “je le sent”…

Ce qui se passe vraiment: À l’oral, “sens” (verbe à la 1re ou 2e personne), “sent” (3e personne), et “sans” (préposition) se prononcent de la même manière. “Sang” (substantif) peut aussi s’en rapprocher selon les accents. En d’autres termes, la confusion est sonore, pas grammaticale. L’écrit exige qu’on distingue: “sens/sent” = verbe “sentir”, “sans” = “sans sucre”, “sang” = “le sang”.

Ce qu’il faut faire: Remplacez mentalement par un synonyme ou changez de personne pour tester. Par exemple:

  • Exemple: “Je le sens” → test “il le sent” (le verbe reste logique) → verbe “sentir” confirmé.
  • Exemple: “Je le sans” → “sans” ne peut pas être un verbe → c’est faux.
  • Exemple: “Je le sang” → c’est un nom, pas un verbe → c’est faux. De façon générale, si vous pouvez dire “il le sent”, vous êtes dans le verbe “sentir”. Si “sans” fonctionne, c’est une préposition et la phrase doit être reformulée (“Je vis sans lui”, pas “je le sans”).

5) Les temps et accords utiles pour éviter d’autres pièges

Ce qu’on croit: Si “je le sens” prend “-s”, le passé composé et le subjonctif suivent la même logique à l’oreille, donc on écrira un peu au jugé.

Ce qui se passe vraiment: Le présent n’est pas le seul terrain glissant. Au fil du temps, d’autres formes demandent de la vigilance:

  • Présent: je sens, tu sens, il/elle/on sent, nous sentons, vous sentez, ils/elles sentent.
  • Imparfait: je sentais, tu sentais, il sentait, nous sentions, vous sentiez, ils sentaient.
  • Futur simple: je sentirai, tu sentiras, il sentira, nous sentirons, vous sentirez, ils sentiront.
  • Conditionnel présent: je sentirais, tu sentirais, il sentirait, nous sentirions, vous sentiriez, ils sentiraient.
  • Subjonctif présent: que je sente, que tu sentes, qu’il sente, que nous sentions, que vous sentiez, qu’ils sentent.
  • Participe présent / gérondif: sentant / en sentant.
  • Passé composé: j’ai senti, tu as senti, il a senti, etc. Avec “avoir”, l’accord du participe passé ne se fait qu’avec le COD placé avant. C’est-à-dire: “Les fleurs, je les ai senties” (COD “les”, féminin pluriel, avant le verbe) ; mais “J’ai senti les fleurs” (pas d’accord, COD après).

Ce qu’il faut faire: Appliquez trois réflexes:

  • Réflexe temps: Identifiez le temps (présent, imparfait, futur…). Par exemple: “Demain, je le sentirai mieux.”
  • Réflexe mode: Au subjonctif, gardez “je sente”: “Il faut que je le sente vraiment.”
  • Réflexe accord: Au passé composé, accordez seulement si le COD est avant: “La pression, je l’ai sentie immédiatement.” Sinon: “J’ai senti la pression monter.” Sous un autre angle, testez la 1re personne du pluriel pour repérer le radical: “nous sentons” vous rappelle la famille “sent-”. Au plus tôt, ce repère visuel évite les inventions.

6) Expressions fréquentes et nuances: sentir vs ressentir

Ce qu’on croit: “Je le sens” et “je le ressens” sont identiques, on peut écrire l’un pour l’autre.

Ce qui se passe vraiment: “Sentir” couvre la perception physique et l’intuition: “Je sens une odeur”, “Je le sens venir.” “Ressentir” marque plutôt l’expérience interne, durable ou marquée: “Je ressens de la fatigue”, “Je ressens une gêne”. D’une part, beaucoup d’expressions figées vont avec “sentir”: “Je le sens bien/mal”, “Ça se sent”, “On le sent à des kilomètres” (registre familier). D’autre part, “ressentir” exige un complément nominal: “Je ressens de la colère” plutôt que “Je le ressens” si “le” est flou.

Ce qu’il faut faire: Choisissez le verbe selon l’intention:

  • Perception/intuition: “Je le sens.” “Je le sens venir.” “On le sent dès l’entrée.”
  • Émotion/état interne: “Je ressens de la gratitude.” “Je ressens une tension.” Et gardez l’accord de base: “je sens / il sent”, “je ressens / il ressent”. Par exemple:
  • Exemple: “Je le sens mal, ce projet.”
  • Exemple: “Je ressens une légère appréhension.”
  • Exemple: “Vous le sentez ? L’air a changé.” En fin de compte, écrire juste, c’est aussi préciser ce qu’on veut dire.

7) Impératif et autres tournures à ne pas rater

Ce qu’on croit: À l’impératif, on écrit “sent !” pour l’ordre au tutoiement.

Ce qui se passe vraiment: À l’impératif, “sentir” prend: “sens” (2e personne du singulier), “sentons” (1re personne du pluriel), “sentez” (2e personne du pluriel). Pas de “sent !” au tutoiement. De plus, avec un pronom complément, on écrit “sens-le”, “sentez-la”, en conservant le trait d’union de l’impératif affirmatif. À première vue, c’est un détail, mais c’est déterminant à l’écrit.

Ce qu’il faut faire: Au tutoiement, écrivez “sens !” et, si besoin, ajoutez le complément:

  • Exemple: “Sens cette odeur !”
  • Exemple: “Sens-la, tu verras.”
  • Exemple: “Sentez comme c’est subtil.” Quoi qu’il en soit, gardez l’alignement général: “je sens / tu sens / il sent” au présent, et à l’impératif “sens / sentons / sentez”.

Liste récapitulative

Idée reçue (Ce qu’on croit)Conseil utile (Ce qu’il faut faire)
“Je le sent” est acceptable puisque tout sonne pareil.Écrire “je le sens” (1re pers. sing.) ; réserver “sent” à “il/elle/on”.
Le pronom “le” impose la terminaison “-t”.La terminaison dépend uniquement du sujet: je/tu = sens ; il/elle/on = sent.
Avec “se”, on met “sent”: “je me sent”.Écrire “je me sens” ; “il se sent” seulement à la 3e personne.
On peut écrire au feeling entre “sens/sans/sent/sang”.Tester le verbe: si “il le sent” fonctionne, c’est “sentir” → orthographe verbale requise.
Le passé composé s’accorde toujours.Accorder seulement si le COD est placé avant: “Les fleurs, je les ai senties.”
“Je le sens” = “je le ressens”.“Sentir”: perception/intuition. “Ressentir”: émotion/état interne. Choisir en fonction du sens.
À l’impératif, on écrit “sent !”.Impératif: “sens / sentons / sentez”; avec complément: “sens-le”, “sentez-la”.

Conclusion

Pour faire court, le bon réflexe est simple: identifiez le sujet, puis écrivez la terminaison qui va avec. “Je” et “tu” appellent “sens”, “il/elle/on” appellent “sent”. À vrai dire, la présence d’un pronom objet, d’une expression figée ou d’un temps plus sophistiqué ne change rien à la logique de base. Par exemple, “je le sens” aujourd’hui, “je le sentirai” demain, et “je l’ai senti” hier: même verbe, même structure, contexte différent. En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.

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