L’homophonie entre “fait” et “fais” tend des pièges à tout le monde. D’une part, l’oreille n’aide pas. D’autre part, l’accord du participe passé vient ajouter une couche de complexité. Voici la solution simple et fiable.
Le bon choix au passé composé
Ce qu’on croit: On écrit « j’ai fais » parce que « je fais » au présent prend un -s.
Ce qui se passe vraiment: au passé composé, on utilise l’auxiliaire « avoir » + le participe passé du verbe. Le participe passé de « faire » est « fait » (sans -s ni -e). « Fais » est une forme du présent (je fais, tu fais), pas un participe passé. En d’autres termes, « j’ai fait » est la seule graphie correcte pour le passé composé à la première personne.
Ce qu’il faut faire: Écrivez systématiquement « j’ai fait » pour parler d’une action achevée.
- Exemple 1: « J’ai fait mon rapport ce matin. »
- Exemple 2: « J’ai fait ce que tu m’as demandé. »
- Exemple 3: « Hier, j’ai fait une erreur et je l’ai corrigée. »
De toute évidence, si vous pouvez remplacer par un autre participe passé connu (« j’ai pris », « j’ai dit »), le doute se lève : on n’écrit pas « j’ai prends » ni « j’ai dis », donc pas « j’ai fais ».
Pourquoi l’erreur séduit l’oreille
Ce qu’on croit: Si ça s’entend pareil, l’orthographe importe peu.
Ce qui se passe vraiment: « Fait » et « fais » se prononcent [fɛ]. À l’oral, l’ambiguïté passe inaperçue ; à l’écrit, elle saute aux yeux. Quoi qu’il en soit, l’accord écrit suit la grammaire, pas l’oreille. C’est-à-dire que le temps employé (présent vs passé composé) impose la forme.
Ce qu’il faut faire: Utilisez un test rapide pour trancher.
- Astuce 1: Remplacez « faire » par « prendre ». Si la phrase est au passé, vous écrirez « j’ai pris » (pas « j’ai prends ») ; donc « j’ai fait » (pas « j’ai fais »).
- Astuce 2: Remplacez par « dire » : « j’ai dit » (pas « j’ai dis ») → « j’ai fait ».
- Astuce 3: Regardez le mot juste avant : si c’est « ai », vous êtes sur un participe passé.
Sous un autre angle, gardez « fais » pour le présent : « je fais », « tu fais ». Pour faire court : passé composé → « fait ».
L’accord du participe passé avec « avoir » : ce qui change (ou pas)
Ce qu’on croit: Avec « avoir », « fait » ne s’accorde jamais.
Ce qui se passe vraiment: Avec « avoir », le participe passé s’accorde avec le complément d’objet direct (COD) si celui-ci est placé avant. « Faire » suit cette règle… sauf dans l’emploi causatif « faire + infinitif », où « fait » reste invariable. D’une part, si « faire » signifie « fabriquer/produire/réaliser », l’accord peut se faire avec le COD antéposé. D’autre part, si « faire » est suivi d’un infinitif (faire faire, faire venir, faire partir…), il devient invariable.
Ce qu’il faut faire: Identifiez le COD et regardez s’il est placé avant le verbe.
- Accord possible (pas d’infinitif après « fait »):
- Exemple 1: « Les crêpes que j’ai faites étaient délicieuses. » (COD = crêpes, placé avant → « faites »)
- Exemple 2: « Les erreurs que j’ai faites m’ont appris. »
- Invariable en causatif (infinitif après « fait »):
- Exemple 3: « Je les ai fait venir. » (construction causative, « venir » ; pas d’accord)
- Exemple 4: « Les photos, je me les suis fait envoyer. » (toujours invariable devant un infinitif)
Par conséquent, deux réflexes : s’il y a un infinitif derrière « fait », on n’accorde pas ; s’il n’y en a pas et que le COD est avant, on accorde.
Causatif « faire + infinitif » vs « faire » au sens de réaliser
Ce qu’on croit: On peut écrire « Je les ai faits venir ».
Ce qui se passe vraiment: Dans la tournure causative, « faire » sert d’auxiliaire de causation : on fait faire quelque chose à quelqu’un. Dans ce cas, le participe passé « fait » est invariable, même si un COD le précède. À l’inverse, quand « faire » signifie « réaliser/produire » et qu’il n’est pas suivi d’un infinitif, l’accord avec le COD antéposé s’applique.
Ce qu’il faut faire: Repérez l’infinitif.
- Si un infinitif suit « fait »: invariable.
- Exemple 1: « Je les ai fait sortir. »
- Exemple 2: « Les invités, on les a fait patienter. »
- S’il n’y a pas d’infinitif et que le COD est avant: accord.
- Exemple 3: « Les cartes que j’ai faites sont prêtes. »
- Exemple 4: « Les modifications que nous avons faites sont validées. »
En d’autres termes, demandez-vous : « Est-ce que je fais faire quelque chose à quelqu’un ? » Si oui, pas d’accord. Sinon, l’accord peut jouer si le COD est placé avant.
Avec « être », « fait » devient adjectif et s’accorde
Ce qu’on croit: On écrit toujours « c’est fait » sans accord.
Ce qui se passe vraiment: Avec « être », on parle d’un état : « fait » fonctionne alors comme un adjectif et s’accorde en genre et en nombre. « C’est fait » est juste parce que « ce » est neutre/impersonnel. Mais « La tâche est faite », « Les démarches sont faites », « Elles sont faites » exigent l’accord.
Ce qu’il faut faire: Accordez « fait » avec le sujet quand le verbe est « être ».
- Exemple 1: « La réservation est faite. »
- Exemple 2: « Les copies sont faites. »
- Exemple 3: « Tout est bien fait ici. » De fil à aiguille, retenez : « avoir » → règles de COD/causatif ; « être » → adjectif, donc accord.
Dans les tournures courantes, la règle ne change pas
Ce qu’on croit: « Une fois que j’ai fais, je t’appelle » passe.
Ce qui se passe vraiment: La présence d’une locution (« une fois que », « dès que », « quand ») ne modifie jamais la forme du participe passé. « J’ai fait » reste la seule option correcte au passé composé. Au fil du temps, certaines locutions figées (« c’est fait ») masquent l’accord, mais la logique de base demeure.
Ce qu’il faut faire: Appliquez la règle, quelle que soit la tournure.
- Exemple 1: « Une fois que j’ai fait le virement, je t’écris. »
- Exemple 2: « Dès que j’ai fait mes preuves, on en reparle. »
- Exemple 3: « Quand j’ai fait le tour du sujet, je publie. »
Quoi qu’il en soit, si vous hésitez, remplacez temporairement « faire » par « dire » ou « prendre » pour confirmer la forme.
Mémento express pour ne plus hésiter
Ce qu’on croit: « J’ai fais » est logique puisqu’on dit « je fais ». Ce qu’il faut faire: Écrire « j’ai fait » au passé composé ; « fais » est une forme du présent.
Ce qu’on croit: « Fait » ne s’accorde jamais avec « avoir ». Ce qu’il faut faire: Accorder avec le COD si placé avant, sauf causatif (« fait » + infinitif) où il reste invariable.
Ce qu’on croit: On met parfois « faits » au causatif (« je les ai faits venir »). Ce qu’il faut faire: Laisser « fait » invariable devant un infinitif : « je les ai fait venir ».
Ce qu’on croit: Avec « être », on garde « fait » invariable. Ce qu’il faut faire: Accorder comme un adjectif : « La tâche est faite », « Elles sont faites ».
Ce qu’on croit: Les locutions changent la règle (« une fois que j’ai fais… »). Ce qu’il faut faire: Conserver « j’ai fait » dans toutes les tournures temporelles.
Liste récapitulative
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| « J’ai fais » est logique car on dit « je fais ». | Écrire « j’ai fait » au passé composé ; « fais » = présent, « fait » = participe passé. |
| « Fait » ne s’accorde jamais avec « avoir ». | Accorder avec le COD antéposé, sauf en causatif où « fait » est invariable. |
| On peut écrire « Je les ai faits venir ». | En causatif (« faire » + infinitif), garder « fait » invariable : « Je les ai fait venir ». |
| Avec « être », « fait » ne bouge pas. | Traiter « fait » comme un adjectif : « La porte est faite », « Les tâches sont faites ». |
| Les locutions (« une fois que… ») autorisent « j’ai fais ». | Les locutions ne changent rien : écrire « j’ai fait ». |
Conclusion
En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. À première vue, « j’ai fais » paraît tentant, mais la grammaire ne lui laisse aucune chance : passé composé → « j’ai fait », accord avec le COD seulement hors causatif, et accord avec « être » comme un adjectif. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.