D’une part, « mettre » est un verbe hyperfréquent, d’autre part il change de forme selon les temps et s’invite dans une foule d’expressions. Et c’est précisément parce qu’on l’utilise tout le temps qu’on accumule, quelques automatismes… pas toujours bons.
De façon générale, mieux vaut clarifier les pièges une bonne fois pour toutes : terminaisons au présent, double consonne au futur, accord du participe passé, verbes de la même famille, homophones, forme pronominale…
Temps clés au présent, à l’imparfait, au futur et au conditionnel
Ce qu’on croit
On ajoute juste -e, -es, -e, -ons, -ez, -ent au radical met- pour tous les temps, et ça roule.
Ce qui se passe vraiment
Le présent n’est pas entièrement “régulier”; on écrit:
- je mets
- tu mets
- il met
- mais… « nous mettons »
- vous mettez
- ils mettent (deux t).
À l’imparfait, le radical prend deux t : je mettais, nous mettions. Au futur et au conditionnel, on a également la base mettr- : je mettrai, je mettrais. En d’autres termes, le double t revient dans la plupart des formes, sauf à la 3e personne du singulier au présent (il met). De toute évidence, c’est ce contraste qui crée beaucoup d’hésitations à l’écrit.
Ce qu’il faut faire
- Présent:
- je/tu mets, il met, nous mettons, vous mettez, ils mettent.
- Astuce: remplacez mentalement par “prendre”: il prend → il met (singulier sans s), mais ils prennent → ils mettent (deux t).
- Imparfait:
- je mettais, tu mettais, il mettait, nous mettions, vous mettiez, ils mettaient.
- Repère: entendez le son [tɛ], écrivez -tt- + -ais/-ait/-ions/-iez/-aient.
- Futur:
- je mettrai, tu mettras, il mettra, nous mettrons, vous mettrez, ils mettront.
- Repère: base mettr- + terminaisons du futur simple.
- Conditionnel:
- je mettrais, tu mettrais, il mettrait, nous mettrions, vous mettriez, ils mettraient.
- Repère: même base mettr- + terminaisons de l’imparfait.
- Exemples concrets:
- Présent: « À première vue, il met la table. »
- Imparfait: « Au fil du temps, elle mettait toujours les mêmes chaussures. »
- Futur: « Dans l’immédiat, je n’ai pas la place, mais j’y mettrai ma valise. »
- Conditionnel: « Sous un autre angle, on mettrait plutôt l’accent sur l’essentiel. »
Passé composé et accords du participe passé
Ce qui se passe vraiment
Avec avoir, le participe passé « mis » ne s’accorde pas, sauf si le complément d’objet direct (COD) est placé avant le verbe. Par conséquent, on écrit j’ai mis des affaires (pas d’accord). En revanche : les affaires que j’ai mises (COD “les affaires” avant → accord en genre et en nombre). Autre précision importante : avec « en », il n’y a pas d’accord (Des lettres, j’en ai mis). Quoi qu’il en soit, le participe passé de « mettre » est « mis » (féminin « mise » uniquement quand il s’accorde ou quand c’est un adjectif : « la robe est bien mise » au sens vieilli).
Ce qu’il faut faire
- Sans COD avant:
- « J’ai mis du temps à comprendre. »
- « Vous avez mis la clé sur le meuble. »
- Règle: pas d’accord → mis invariable.
- Avec COD avant (le, la, les, que):
- « La lettre que j’ai mise sur la table. »
- « Les clés, je les ai mises dans le tiroir. »
- Règle: accord avec le COD placé avant → -e au féminin, -s au pluriel.
- Avec “en”:
- « Des affiches, j’en ai mis partout. »
- Règle: pas d’accord après “en”.
- Exemples contrastés:
- Correct: « La table, je l’ai mise dehors. »
- Correct: « J’ai mis la table dehors. »
- Incorrect: « J’ai mises la table dehors. » (pas de COD avant → invariable)
- Astuce simple:
- Test du “quoi?” avant le verbe: « J’ai mis quoi ? la lettre. » Si le “quoi” est après, pas d’accord; si ce “quoi” est déjà placé avant (le, la, les, que…), on accorde.
Subjonctif et impératif
Ce qui se passe vraiment
Au subjonctif présent, le radical est « mett- » pour toutes les personnes:
- que je mette
- que tu mettes
- qu’il mette
- que nous mettions
- que vous mettiez
- qu’ils mettent.
Pour l’impératif, on a trois formes:
- Mets
- Mettons
- Mettez.
À noter que, contrairement aux verbes du 1er groupe, on ne supprime pas le -s devant « y » ou « en »: on dit bien « Mets-en », « Mets-y », s’il te plaît. En d’autres termes, gardez toujours le s à l’impératif 2e personne du singulier.
Ce qu’il faut faire
- Subjonctif présent:
- « Il faut que je mette les points sur les i. »
- « Il est possible que nous mettions en place un test. »
- Impératif:
- « Mets la ceinture. »
- « Mets-en deux. »
- « Mets-y du cœur. »
- « Mettons-nous d’accord. »
- « Mettez vos téléphones en silencieux. »
- Astuce de contrôle:
- Subjonctif: remplacez par un autre verbe irrégulier au subjonctif (que je prenne). Si « que je mette » vous paraît étrange, c’est souvent parce que vous calquez le présent de l’indicatif.
- Impératif + y/en: souvenez-vous que seuls les verbes du 1er groupe perdent le s (ex.: « mange » → « mange-en » devient « mange-en » sans s). Ici, « mets-en » garde le s.
Les verbes de la famille en -mettre
Ce qu’on croit
Les composés de « mettre » deviennent réguliers dès qu’on ajoute un préfixe, pas de piège.
Ce qui se passe vraiment
Tous les composés (admettre, permettre, promettre, soumettre, transmettre, remettre, omettre, commettre…) suivent la même logique que « mettre »: double t à certaines formes, futur/conditionnel en -mettr-, participe passé en -mis/-mis(e)(s). À vrai dire, c’est la cohérence de la famille qui vous sauve: permis, admis, promis, soumis, transmis, remis, omis, commis. À long terme, mémoriser « mis » comme base du participe passé vous évite 90 % des fautes.
Ce qu’il faut faire
- Présent (3e pers. pl. en -ttent):
- « Ils permettent », « ils admettent », « ils transmettent », « ils soumettent », « ils remettent ».
- Futur/conditionnel (base mettr-):
- « Je permettrai », « nous remettrions », « tu admettras ».
- Participes passés (accords selon les mêmes règles):
- « Des erreurs, j’en ai commis (pas d’accord). »
- « Les conditions qu’il a admises (accord avec COD avant). »
- « Les règles sont remises à plat (employé avec être → accord). »
- Astuce récap’:
- Participe passé de la famille: permis, admis, promis, soumis, transmis, remis, omis, commis.
- Test express: si « mettre » prend -tt- quelque part, son composé le prend aussi.
Orthographe et homophones fréquents
Ce qu’on croit
Puisque ça sonne pareil, “met”, “mets”, “mes” ou “m’est” s’échangent sans conséquence.
Ce qui se passe vraiment
À l’oreille, tout se ressemble; à l’écrit, pas du tout. « Mes » est un déterminant possessif (« mes idées »). « Met » est la 3e personne du singulier du présent (« il met »). « Mets » est la 1re ou 2e personne du singulier (« je mets », « tu mets »). « M’est » = « me est » (forme très rare, surtout en style soutenu: « cela m’est égal »). Par exemple, « mais » n’a rien à voir; « met » n’a pas d’accent; « m’ai » n’existe pas. Pour faire court, testez toujours le remplacement.
Ce qu’il faut faire
- Tests simples:
- Remplacement par “avait mis”: si la phrase garde le sens, vous aviez bien un verbe (« il met » → « il avait mis »).
- Remplacement par un déterminant: si « mes » fonctionne avec un nom (« mes projets »), c’est le possessif.
- Insertion de “me est”: si « m’est » est plausible (« cela m’est égal »), c’est correct; sinon, évitez.
- Exemples concrets:
- Je mets mes clés ici → « Je avais mis mes clés ici » ne marche pas; testez autrement: « J’ai mis mes clés ici » → on confirme la présence du verbe « mets » et du déterminant « mes ».
- Il met la table → « Il avait mis la table » fonctionne.
- Cela m’est égal → structure figée correcte.
- Mettez vos livres /
Metn’existe pas à l’impératif sans -s/-ez.
- Astuce mémoire:
- “Mes” contient un e comme « mes affaires » (un nom suit).
- “Met(s)” peut se remplacer par « poser »: « il pose/il met »; « je pose/je mets ».
Verbe pronominal se mettre
Ce qu’on croit
Avec « se mettre », on garde toujours « avoir » et, en fin de compte, on n’accorde jamais.
Ce qui se passe vraiment
« Se mettre » se conjugue avec l’auxiliaire être aux temps composés: « elles se sont mises ». L’accord du participe passé suit la règle des verbes pronominaux: accord avec le sujet si le pronom réfléchi est COD; pas d’accord si ce pronom est COI et qu’un COD suit. En d’autres termes, « Elles se sont mises d’accord » (accord), mais « Elles se sont mis de la crème » (pas d’accord, car “de la crème” est le COD). Par ailleurs, l’impératif pronominal prend les traits d’union: « Mets-toi », « Mettons-nous », « Mettez-vous ».
Ce qu’il faut faire
- Passé composé avec être:
- « Elles se sont mises en route. »
- «
Ils se sont mis à pleuvoir »n’existe pas; on dira: « Il s’est mis à pleuvoir » (impersonnel).
- Accord/Non-accord:
- Accord: « Elles se sont mises d’accord. »
- Accord: « Elle s’est mise en colère. »
- Pas d’accord: « Elles se sont mis de la crème. »
- Pas d’accord: « Ils se sont mis des idées en tête. »
- Impératif pronominal:
- « Mets-toi au travail, au plus tôt. »
- « Mettons-nous d’accord, de façon générale, sur la méthode. »
- « Mettez-vous en rang. »
- Construction courante:
- Se mettre à + infinitif: « Il se met à courir. »
- Se mettre en + nom: « Elle se met en tête de réussir. »
Liste récapitulative
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| « On ajoute -e, -es, -e, -ons, -ez, -ent au radical met- pour tous les temps. » | Au présent: il met (1 t) mais ils mettent (2 t). Imparfait: mett-. Futur/conditionnel: mettr-. |
| « Avec avoir, le participe passé s’accorde toujours. » | Avec avoir, « mis » s’accorde seulement avec un COD placé avant; sinon, invariable. Pas d’accord avec « en ». |
| « Le subjonctif fait ‘que je mets’ et l’impératif singulier ‘Met’. » | Subjonctif: que je mette; que nous mettions. Impératif: Mets, Mettons, Mettez; conserver le s devant y/en. |
| « Les composés de ‘mettre’ deviennent réguliers. » | Ils suivent « mettre »: 2 t fréquents, futur/cond. en -mettr-, participes en -mis (permis, admis, promis…). |
| « ‘Met’, ‘mets’, ‘mes’, ‘m’est’ sont interchangeables. » | Testez le remplacement: verbe → “avait mis”; déterminant « mes » + nom; « m’est » seulement dans “cela m’est…”. |
| « ‘Se mettre’ prend avoir et n’accorde jamais. » | « Se mettre » prend être. Accord si le pronom est COD (elles se sont mises), pas d’accord s’il y a un COD après. |
Conclusion
On l’a vu, « mettre » n’a rien de sorcier dès qu’on clarifie où surgissent les doubles t, quand accorder « mis », et comment gérer subjonctif, impératif, homophones et forme pronominale. En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. À première vue, ça fait beaucoup; en d’autres termes, ce sont les mêmes mécanismes qui reviennent partout—et c’est tant mieux pour progresser. Quoi qu’il en soit, si vous hésitez, testez: remplacez, comparez, et choisissez la forme qui respecte vraiment le sens. Au plus tôt, ces réflexes deviendront naturels.