Introduction
On a l’impression que « comprendre » se conjugue tout seul… jusqu’au moment où l’on doute entre « comprend » et « comprennent », ou entre « comprendrai » et « comprendrais ». À première vue, ce verbe semble transparent. En réalité, il cache des pièges fréquents, surtout parce qu’il suit la famille de « prendre » et change de radical selon les modes. À vrai dire, vous n’êtes pas le seul à chercher une solution simple, claire, applicable dès maintenant.
Voyons ensemble ce qu’il en est vraiment et comment bien faire.
Présent de l’indicatif sans hésiter
Ce qu’on croit : toutes les personnes prennent un -s au présent de l’indicatif Ce qui se passe vraiment : Le présent de « comprendre » alterne entre -s, -d, et -nent à l’écrit. On écrit « je comprends », « tu comprends », « il comprend », « nous comprenons », « vous comprenez », « ils comprennent ». De toute évidence, la troisième personne du singulier s’écrit sans -s (« il comprend »), et la troisième du pluriel prend « -ennent » (« ils comprennent »), même si, à l’oral, la différence s’entend peu. Ce qu’il faut faire : Mémorisez la ligne complète une bonne fois. Par exemple, récitez-la à haute voix, puis écrivez-la deux fois de suite en vérifiant l’orthographe des terminaisons.
- Exemple d’ancrage : « Aujourd’hui, je comprends mieux la leçon; vous comprenez aussi; ils comprennent enfin. »
- Astuce : Repérez « prenons/prenez » pour « comprenons/comprenez »; le parallèle aide à coup sûr.
Passé composé ou imparfait, choisir le bon tempo
Ce qu’on croit : passé composé et imparfait s’emploient indifféremment avec « comprendre » Ce qui se passe vraiment : Le passé composé marque un résultat ponctuel et achevé (« j’ai compris » = c’est fait, résultat acquis). L’imparfait décrit une situation en cours ou habituelle au passé (« je comprenais » = processus, contexte, pas forcément abouti). En d’autres termes, le passé composé pointe l’instant où la lumière s’allume; l’imparfait décrit la pièce qui s’éclaire peu à peu. Ce qu’il faut faire : Utilisez « j’ai compris » pour l’instant T où la compréhension s’est faite, et « je comprenais » pour la durée, l’habitude, le contexte.
- Exemple ponctuel : « Après l’explication, j’ai compris. »
- Exemple de durée : « Au fil du temps, je comprenais mieux sa méthode. »
- Astuce : Si vous pouvez ajouter « soudain » ou « enfin », pensez passé composé; si vous pouvez ajouter « pendant », « souvent », « toujours », pensez imparfait.
Futur ou conditionnel, ne plus confondre
Ce qu’on croit : « comprendrai » et « comprendrais » sont des variantes stylistiques équivalentes Ce qui se passe vraiment : Le futur simple annonce un fait certain ou programmé (« je comprendrai »). Le conditionnel présent exprime l’éventualité, la politesse, l’hypothèse (« je comprendrais »). Par conséquent, l’orthographe -rai (futur) s’oppose à -rais (conditionnel), et cette nuance change le sens. Ce qu’il faut faire : Écrivez au futur pour ce qui est décidé ou attendu; au conditionnel pour ce qui dépend d’une condition (explicite ou implicite) ou pour adoucir une demande.
- Exemples :
- Futur : « Demain, je comprendrai en revoyant l’exercice. »
- Conditionnel d’hypothèse : « À ta place, je comprendrais l’intérêt de réviser. »
- Après “si” : « Si tu expliquais différemment, je comprendrais mieux. »
- Astuce visuelle : -rai = futur, droit, décidé, « dans l’immédiat ou au plus tôt »; -rais = conditionnel, nuance, « sous un autre angle ».
Subjonctif, le vrai réflexe
Ce qu’on croit : on peut dire « il faut que je comprends » Ce qui se passe vraiment : Le subjonctif s’impose après certaines expressions (souhait, nécessité, doute, sentiment). Le verbe prend alors le radical « comprenn- » aux personnes je/tu/il/ils et « compren- » à nous/vous : « que je comprenne, que tu comprennes, qu’il comprenne, que nous comprenions, que vous compreniez, qu’ils comprennent ». D’une part, c’est la même logique que « prendre »; d’autre part, l’alternance de radical est obligatoire. Ce qu’il faut faire : Après « il faut que », « bien que », « pour que », « avant que », employez le subjonctif.
- Exemples :
- « Il faut que je comprenne la règle avant l’examen. »
- « Bien que tu comprennes vite, révise encore. »
- « Pour que nous comprenions tous, parle plus lentement. »
- Astuce : À l’oreille, « il faut que je comprenne » est plus naturel que « il faut que je comprends »; fiez-vous à ce test.
Participe passé « compris » et accords malins
Ce qu’on croit : avec « avoir », le participe passé « compris » ne s’accorde jamais Ce qui se passe vraiment : Avec « avoir », le participe passé s’accorde avec le complément d’objet direct si et seulement si celui-ci est placé avant le verbe. C’est-à-dire : « j’ai compris ces règles » (pas d’accord), mais « les règles que j’ai comprises » (accord au féminin pluriel, car « que » reprend « règles » et est placé avant). En fin de compte, c’est la position du COD qui compte, pas la négation ni l’adverbe. Ce qu’il faut faire : Repérez le COD, vérifiez s’il est avant le verbe. S’il est avant, accordez « compris » en genre et en nombre; sinon, laissez « compris » invariable.
- Exemples :
- « Je les ai bien comprises. » (« les » = règles)
- « Qu’as-tu compris ? » → « Les notions que j’ai comprises. »
- « Nous avons tout compris. » (pas d’accord, « tout » COD après le verbe)
- Astuce : Remplacez par « vu/prise » pour tester l’accord (« les règles que j’ai prises »). Le mécanisme est identique.
Impératif et pronoms, les bons réflexes
Ce qu’on croit : à l’impératif, on supprime le -s de « compren(d)s » comme pour les verbes en -er Ce qui se passe vraiment : La suppression du -s au « tu » de l’impératif ne concerne que les verbes du 1er groupe (et « aller »). Pour « comprendre » (3e groupe), le -s reste : « comprends », « comprenons », « comprenez ». Quoi qu’il en soit, avec les pronoms, l’ordre change à l’affirmatif (« Comprends-le ») et revient à la place habituelle à la forme négative (« Ne le comprends pas »). Ce qu’il faut faire : Utilisez « comprends » au tutoiement, conservez le -s, placez les pronoms après le verbe à l’affirmatif et avant à la négation.
- Exemples :
- Affirmatif : « Comprends-les d’abord, applique-les ensuite. »
- Négatif : « Ne te comprends pas de travers. »
- Collectif : « Comprenons la consigne avant de commencer. »
- Astuce : À l’impératif affirmatif, pensez « verbe-pronom »; à la négation, « ne + pronom + verbe + pas ».
Famille de « prendre », gagner du temps
Ce qu’on croit : chaque verbe en -prendre se conjugue différemment de « comprendre » Ce qui se passe vraiment : « Comprendre » suit les schémas de « prendre » et de ses composés : même alternance au présent (je comprends / ils comprennent), mêmes subjonctifs (que je comprenne / que nous comprenions), mêmes participes passés en -pris (« pris, compris, appris, entrepris… »). De fil à aiguille, une seule logique vous sert pour toute la famille. Ce qu’il faut faire : Apprenez la matrice « prendre » et transférez-la : apprendre, comprendre, reprendre, surprendre, entreprendre, méprendre, etc.
- Exemples :
- Présent : « je prends / je comprends / je reprends »; « ils prennent / ils comprennent / ils reprennent ».
- Subjonctif : « que je prenne / que je comprenne / que je reprenne ».
- Participe : « pris / compris / repris / entrepris ».
- Astuce : Construisez une mini-fiche « famille -prendre »; à long terme, vous gagnerez en vitesse et en justesse.
Liste récapitulative
| Idée reçue (Ce qu’on croit) | Conseil utile (Ce qu’il faut faire) |
|---|---|
| Mémorisez la ligne complète : je comprends, tu comprends, il comprend, nous comprenons, vous comprenez, ils comprennent. | |
| Passé composé = résultat ponctuel (« j’ai compris »). Imparfait = action en cours/habitude (« je comprenais »). | |
| -rai pour le futur certain; -rais pour l’hypothèse/politesse. | |
| Après « il faut que », utilisez le subjonctif : « que je comprenne », « que nous comprenions ». | |
| Accord si le COD est placé avant : « les règles que j’ai comprises ». Sinon, invariable. | |
| Pour « comprendre », gardez le -s : « comprends, comprenons, comprenez ». Pronoms après à l’affirmatif, avant à la négation. | |
| Réutilisez la matrice de « prendre » pour tous ses composés (présent, subjonctif, participe). |
Conclusion
Pour faire court, « comprendre » n’est pas compliqué quand on connaît ses points d’appui : un présent régulier dans sa logique, des temps passés qui racontent des durées ou des résultats, un subjonctif indispensable après certains déclencheurs, un participe passé qui s’accorde quand le COD est placé avant, et un impératif qui garde son -s. En fin de compte, appliquer ces points simples permet d’éviter bien des erreurs. Ce qu’on croit souvent vrai ne résiste pas aux faits… et c’est tant mieux pour progresser.