50 perles catastrophiques dans le monde de la drague médiévale
Quelle mouche a bien pu piquer nos ancêtres lorsqu’ils essayaient de courtiser une damoiselle ? À vrai dire, certaines répliques médiévales relèvent de l’« ahurissant » pur et dur. J’imagine bien ces troubadours qui, armés de leur lyrisme malhabile, déclenchaient un silence glacial. Il y a quelque chose que je n’ai jamais oublié : la déconfiture chevillée au corps.
Pourquoi ces formules sonnent creux
Or, même à une époque où la galanterie se portait en étendard, tout excès de lourdeur se payait cash. Une image me revient dans un film dont j’ai oublié le nom: un chevalier, fier comme Artaban, lançait un vers maladroit, et c’était la douche froide instantanée. La nature a horreur du vide ; eh bien, les cœurs aussi.
Compliments chevaleresques ratés
- « Damoiselle, vos yeux étincellent plus que l’or de Clovis. »
- « Votre beauté surpasse celle d’Alix la belle, et je m’y perds. »
- « Je donnerais ma jument pour un seul baiser de vos lèvres. »
- « Ton teint est plus pur que l’eau de la fontaine sacrée. »
- « Vous brillez davantage que la lampe de saint Martin. »
- « Jamais je n’ai vu pareille grâce en cette basse cour. »
- « Dame, votre chevelure rivalise avec le blé mûr. »
- « Votre voix ferait pâlir les anges du Paradis. »
- « En votre présence, je sens mon armure se fissurer. »
- « Pour vous, j’abandonnerais ma cotte de mailles. »
Je garde en moi le souvenir de ces flatteries qui sonnaient creux. À force de trop en faire, on finit par perdre toute crédibilité.
Répliques trop galantes
- « Permettez que je vous conduise jusqu’à votre carrosse en mon palefroi. »
- « Si vous étiez une bannière, j’y graverais mon nom en lettres d’or. »
- « Votre parfum rivalise avec celui des vergers en fleur. »
- « Damoiselle, à mes côtés vous seriez l’étoile de ma campagne. »
- « Point de soleil n’est plus chaud que votre regard. »
- « Faut-il invoquer Dieu pour bénir notre union prochaine ? »
- « Votre regard me transperce mieux qu’une flèche. »
- « Je veux être le serf de votre cœur. »
- « Sire, laissez-moi tresser mon destin au vôtre. »
- « Je serais votre humble bouffon si vous daigniez rire à mes traits. »
À force de vouloir briller, on tombe dans le grotesque. Le piège est là : la limite entre charme et ridicule n’est qu’un fil de soie.
Allusions trop osées pour l’époque
- « Voudriez-vous visiter mes cachots ? Mes chaînes n’attendent que vous. »
- « Entre tes plis de soie, j’ai mille envies… »
- « Ton corset me serre autant que mon armure. »
- « Je voudrais sonder tes profondeurs comme on creuse un donjon. »
- « Ta lèvre, je la veux plus douce qu’un hydromel. »
- « Ton ventre rond me trouble plus qu’une lune de sang. »
- « Si tu étais une épée, je te dégainerais. »
- « Viens, que je te mène en mon lit clos. »
- « Tu brûles plus qu’un bûcher de sorcière. »
- « Permets que mes flèches viennent troubler ta quiétude. »
À vrai dire, l’époque n’était pas prête pour tant de crudité. On préférait la suggestion plutôt que l’assaut frontal.
Usage d’argot anachronique
- « T’as la pêche, ma bonne dame ! »
- « Ce soir, on se fait une teuf chez moi ? »
- « J’te kiffe grave, t’es top du top ! »
- « T’es trop stylée dans ta cotte de mailles. »
- « Viens, on s’envoie un petit canon. »
- « Ta trogne est canon, sérieux. »
- « Tu fais la belle face, t’as du charisme. »
- « T’es chiche de moi ? »
- « On se capte plus tard ? »
- « T’as du flow, mademoiselle. »
Cela me revient en mémoire… ces tentatives anachroniques donnaient l’impression que l’on voyageait dans le temps sans boussole. On nageait en plein n’importe quoi.
Propos pseudo-philosophiques
- « La destinée tisse nos âmes, crois-tu aux fils invisibles ? »
- « Notre amour serait l’alpha et l’oméga de ma quête. »
- « Entre vanité et vertu, je choisis ton cœur. »
- « Le libre arbitre nous unit, ignorant les lois divines. »
- « Les étoiles conspirent pour nos étreintes. »
- « L’éphémère nous rend immortels, qu’en dis-tu ? »
- « Ta présence transcende ma condition de simple vassal. »
- « Si l’âme est un festin, la tienne est banquet. »
- « Le salut de mon esprit dépend de ta faveur. »
- « Dans l’ordalie de nos sentiments, je te choisis comme championne. »
C’était il y a longtemps, mais je me rappelle encore le vertige que ces tournures provoquaient. On flirtait avec l’absurde et le grandiloquent.
Conclusion
Ces cinquante tentatives de séduction médiévales prouvent qu’un excès de lyrisme peut vite devenir… plombant. À défaut d’une joute verbale bien conduite, gare aux faux pas : la drague se joue aussi sur la simplicité et l’humour. Je me souviens de la morale que m’a transmise un vieux ménestrel : « Reste toi-même, et le reste suivra ». Alors, prêt à conquérir le cœur de votre damoiselle sans sombrer dans le grotesque ?